Daphné Wallbridge

Balado avec Daphné Wallbridge


Daphne a plus de 24 ans d’expérience en éducation et occupe actuellement le poste de surintendante de l’éducation au Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières. Titulaire d’un baccalauréat en musique et d’une maîtrise en éducation spécialisée en leadership éducationnel de l’Université d’Ottawa, elle a été directrice adjointe et directrice d’école avant d’occuper son poste actuel.

En plus de son engagement professionnel, Daphne nourrit une passion pour les voyages, la lecture, la cuisine et l’entraînement. Elle est également l’auteure de deux ouvrages portant sur le leadership et l’autonomisation, le plus récent étant The First-Year Principal: 52 Practical Lessons to Help New Principals Thrive as Conscious Leaders.

En tant que conférencière chevronnée, elle a apporté sa contribution à diverses initiatives éducatives et se réjouit de transmettre ses connaissances tout en établissant de nouvelles relations.


Balado avec Daphné Wallbridge, 1re partie

Transcription

Intervieweur : Bienvenue aux conversations pédagogiques avec des passionnés! Initiée par le Centre franco, cette série de rencontres nous présente des professionnels de l’Ontario français qui excellent en éducation.

[musique]

Aujourd’hui, nous parlons avec Daphne Wallbridge. Depuis presque 25 ans, Daphne a exercé diverses fonctions en éducation. Elle fut tout d’abord enseignante au secondaire durant 19 ans. Par la suite, son chemin l’a amenée à être RUA, direction adjointe et direction d’école. Aujourd’hui, elle est agente de supervision pour le Conseil scolaire catholique des Grandes Rivières. Découvrons donc ensemble ce qui anime la pédagogie de Daphne Wallbridge. Bonsoir, Daphne! Je suis très content que tu sois là ce soir. Parle-moi de une ou deux de tes passions.

Daphne Wallbridge : Ma plus grande passion dans ma vie, vraiment, c’est la santé et le bien-être. Qu’est-ce que je fais pour ça? C’est vraiment l’exercice au quotidien. J’adore les poids et haltères, j’adore bien manger, faire de la cuisson santé. Je viens tout juste de découvrir le hot yoga avec ma fille. Ensemble, nous y allons trois, quatre fois par semaine. C’est fantastique! Je suis une passionnée. J’aimerais, un jour, peut-être à la retraite, ça va être un projet, aller chercher ma certification pour devenir– juste pour maîtriser l’art du yoga. C’est trop beau. J’adore ça.

Intervieweur : J’ai l’impression que, quand je t’écoute parler, que tu es une personne qui aime apprendre. Ça se peut?

Daphne : J’adore apprendre. C’est comme de l’oxygène pour moi, Louis. Honnêtement, si je n’apprends pas chaque jour en lisant, en prenant un cours, quelque chose, on dirait que ma journée n’est pas complète.

Qu’est-ce que j’aime, je pense, avec l’apprentissage quotidien, être apprenant à vie, c’est l’énergie que ça dégage lorsqu’on est exposé à des idées qui sont vraiment phénoménales. Tu envisages comment tu peux apporter ça au niveau de ton équipe, puis comment est-ce que ça peut faire une différence. Aussi, comment ça peut être amusant parce que c’est du changement, puis c’est nouveau. C’est peut-être des idées qui vont tomber à l’eau ou peut-être que ça va vraiment être incroyable pour notre milieu de travail. Ça peut avoir des retombées très positives. C’est toujours de beaux risques. J’aime ça.

Intervieweur : Justement, tu parles d’idées phénoménales. Partage-moi donc, selon toi, une idée phénoménale en éducation présentement. Ça serait quoi?

Daphne : Si je peux parler de mon conseil, qu’est-ce qui se passe comme une idée phénoménale présentement, vraiment, c’est au sujet de la conception universelle de l’apprentissage, la CUA, parce que c’est une de mes passions, une des raisons que je me lève le matin. Comme agente, je veux m’assurer – ça, c’est vraiment un but qui est infini, parce qu’on va toujours être en train de travailler ceci – que chaque élève a son point d’entrée en salle de classe, peu importe son profil d’apprenant, parce que chaque élève a du potentiel. Comment, comme agente, je peux appuyer mon équipe pour davantage mettre en œuvre les concepts de la CUA en salle de classe.

Pour parler des bonnes idées, puis qu’est-ce qui va bien et tout ça, nous, présentement, on est choyés parce qu’on est accompagnés par l’Académie Apple. C’est directement en lien avec cette vision-là. C’est quelque chose que j’ai commencé il y a 2 ans maintenant grâce à un balado, un peu comme ça, où mon amie – elle est maintenant rendue mon amie – Gabrielle Juneau, qui est une des directrices pédagogiques, a entendu un balado. C’était avec notre ami Marius Bourgeois. Allô, Marius! [rires]

Elle avait entendu le balado, puis elle aimait mon énergie, la vision qu’on avait sur le conseil. Elle m’a envoyé un petit texto, un petit message dans Twitter, puis c’est là qu’on a commencé à travailler ensemble. Ça, c’est une idée ou c’est un projet qui fonctionne bien. Je pense que je réponds à ta question. C’est ça qui me vient à l’idée. C’est ça, puisque c’est en lien avec la CUA, c’est en lien avec qu’est-ce qu’on veut voir dans nos salles de classe, puis ça s’aligne avec cette vision-là.

En effet, on a eu une belle session avec elle aujourd’hui, avec les élèves, le personnel, puis même les directions. C’est un risque que j’ai pris, c’est un risque que nous avons pris comme équipe, comme conseil. Est-ce qu’on s’embarque dans un projet comme ça? On a pris ce beau risque-là, puis vraiment, ça porte ses fruits, les élèves sont heureux.

Intervieweur : Excuse-moi. C’était quoi le risque, que tu penses, pour toi? C’est quoi ton risque à toi?

Daphne : Le risque, c’est qu’on ne veut pas frustrer les gens avec de la techno. On a commencé ça pendant qu’on était en pandémie. Est-ce qu’on veut s’embarquer dans une autre initiative? Est-ce qu’on veut commencer à jouer avec toute cette logistique-là? Est-ce qu’on va être capable de déployer ça sur une plus grande envergure? À ce niveau-là, le risque, c’est au niveau des ressources humaines, de l’énergie, et tout ça. On ne veut pas taxer nos gens, donc on doit vraiment bien choisir nos initiatives. C’est sous cette lentille-là que je dis ça.

Intervieweur : Je te sens très passionnée dans ce que tu dis. Comment est-ce que tu arrives à transmettre cette passion? Parce que, des fois, dans le monde de l’éducation, c’est passionnant, mais, des fois aussi, c’est très engageant. On dirait qu’on ne voit pas peut-être le résultat immédiat. Comment tu arrives justement à transférer cette passion autour de toi, mettons aux directions d’école, les gens sur le terrain? Comment tu fais?

Daphne : Je tente d’aller chercher les émotions des gens, d’aller chercher l’affectif. Plusieurs d’entre nous avons des enfants. Même une phrase aussi simple que : « Si c’était ton enfant? » « Okay, oui. Si c’était le mien? » Si c’était le tien, est-ce que tu voudrais qu’on aille un peu plus loin, qu’on fasse cet effort-là? Si c’était le tien, oui, tu voudrais. Ce sont tous nos enfants. Ça, ça va toujours les chercher.

L’autre chose, c’est que lorsque je m’embarque, c’est à cause que je crois dans quelque chose. J’y crois fermement. Quand, comme leader, on croit dans une initiative ou un projet, ça se dégage. Les gens ressentent l’énergie. Je suis une personne qui est très expressive, puis les gens le ressentent. C’est juste je suis comme ça, je suis bâtie comme ça. Ça, je pense que c’est un atout parce que ça aide à engager les gens. Je crois que les gens ressentent l’énergie, la passion dans la façon qu’on articule, le langage corporel aussi qu’on dégage. Tout ça, ça aide à livrer un message.

Lorsque c’est le temps de livrer quelque chose d’important, c’est de peser chaque mot, c’est la façon qu’on livre. On ne passe pas par quatre chemins, on dit qu’est-ce qu’on a à dire, puis on dit la raison d’être : pourquoi c’est important? Il faut qu’on ramène ça chaque fois. Si je reprends le projet Apple, par exemple, un, je suis présente à chaque rencontre parce que c’est important pour moi. Comme leader, avec mon horaire chargé, je m’assure d’être présente à chaque rencontre. Je tente de faire les rencontres au complet, mais, des fois, je suis là juste pour 15 minutes, pour souhaiter la bienvenue, mais ils me voient le visage.

C’est de répéter aux gens : « Voici pourquoi on est ici. N’oublions pas pourquoi on est ici chaque mois quand on se rencontre. » Oui, il y a des frustrations avec la technologie. Ça, c’est l’entente. On rentre dans un contrat avec la techno. Quand on décide de travailler avec de la techno, on sait qu’il va y avoir des pépins. Pour un personnel enseignant qui est déjà surtaxé, surchargé, c’est facile, des fois, de vouloir baisser les bras, puis dire : « J’ai fini avec ça. »

Mon rôle, juste pour revenir un peu à ta question : « Qu’est-ce que je fais pour les engager? », c’est que je répète la raison d’être : « N’oublions pas pourquoi on est ici. » On est ici parce qu’on croit que chaque enfant, chaque élève a le droit d’avoir son point d’entrée en salle de classe, et on veut leur offrir des opportunités, des outils pour faire ça. Voilà le projet Apple avec iPad, par exemple. C’est pour ça qu’on est ici. N’oublions pas, même si c’est frustrant, des fois, même si on est découragé, il faut qu’on revienne à notre boussole, puis notre raison d’être,et c’est ça je fais. Ça, ça aide à ramener un petit peu les gens, puis il n’y a pas de résistance.

 Intervieweur : Finalement, c’est Simon Sinek qui dit : « Start with why. »

 Daphne : Oui.

 Intervieweur : Le pourquoi des choses. Exactement.

 Daphne : J’aime beaucoup Simon Sinek. J’adore.

 Intervieweur : J’imagine que les gens ont– Est-ce que tu pourrais dire que ça fait partie d’une de tes compétences que les gens aiment? Pas te suivre parce que tu étais avec les gens, mais comment est-ce que les gens—Parce qu’il y en a qui l’ont naturel, ça, le fait qu’on dirait qu’on veut toujours travailler avec cette personne-là. Toi, est-ce que c’est facile ou difficile d’engager les gens autour de toi?

 Daphne : Je pense que ça va bien. Je travaille bien avec les gens et, chez eux, je ne ressens pas de résistance. S’il y en a, des fois, on en parle. On est humain, on a chacun nos côtés, puis il faut parler de nos points de vue. Par exemple, mon équipe où je travaille, on a vraiment une très belle synergie. Tout le monde, on a nos forces, puis on fait valoir nos forces, et on a un environnement où on peut faire valoir nos forces. Si on a des lacunes, c’est correct, il y a quelqu’un d’autre qui est là pour nous appuyer. On travaille dans un climat qui est psychologiquement très sûr.

C’est facile de rassembler des gens dans un climat comme ça. Puis, comme leader, c’est important de pouvoir créer ce climat-là. Ça ne veut pas dire que tout est toujours beau, rose, puis on s’accorde toujours. Non. Il faut se dire les vraies choses pour pouvoir avancer. Après ça, dire : « Excuse, je ne voulais pas être réadmis. » « Non, c’est correct, on comprend. », puis on continue.

Pour rassembler les gens, je pense que si les gens sentent qu’ils peuvent être authentiques, ça, c’est très important, et qu’ils peuvent partager – je tente de faire ça pour les gens, je tente de les accueillir de façon… pour qu’ils soient authentiques et eux-mêmes, et tout ça – s’ils ressentent ça, je pense que ça serait facile qu’on travaille ensemble. Pour n’importe qui, traiter quelqu’un comme ça, ça serait un partenariat qui se ferait très facilement.

Intervieweur : Ça veut dire que, finalement, il y a des conditions gagnantes quand on veut créer un climat. Parce que ce que tu dis finalement, c’est : « Si je veux engager les gens avec moi, il faut que je mette les conditions autour pour que ça soit potentiellement valorisant, que ça soit dans un climat de confiance, dans un climat de respect. » J’imagine?

 Daphne : Oui.

 Intervieweur : Peut-être que tu n’es pas d’accord avec ce que je dis. [rires]

 Daphne : Non, c’est exactement ça, c’est le respect. Je vais donner un exemple avec mes directions, par contre. Qu’est-ce que j’encourage avec mes directions, c’est : « Vous avez des initiatives, vous voulez faire valoir votre école, vous voulez faire toutes sortes de belles choses. Mon rôle, c’est, advenant que– » Il faut que ça respecte les politiques, bien sûr, et tout le kit. C’est d’enlever les embûches et de faciliter le processus pour les directions pour qu’elles puissent vivre l’initiative.

Parce qu’il n’y a rien de plus valorisant comme leader d’avoir une vision et de l’actualiser avec son équipe. Des fois, ils ont besoin de mon appui pour ça. Est-ce que tu as du financement? Est-ce que tu peux approuver cette demande? Est-ce que tu peux faire [inintelligible 00 :14 :00], peu importe, ou as-tu des ressources pour te fier? Si je peux faire ça, puis enlever les embûches, faciliter ça pour qu’elles puissent vivre ça, c’est vraiment incroyable. Leur montrer, au fur et à mesure aussi, pendant qu’elles lancent toutes ces choses-là, comment vivre une initiative, comment gérer les attentes des gens.

C’est beau, on commence tout feu tout flamme, on est heureux, puis après ça, la réalité commence, ça cogne à la porte. On a de la résistance, on a des problèmes avec des ressources, il y avait un autre imprévu. Comment gérer tout ça? Ça aussi, c’est mon rôle avec mes directions, pour les aider à créer des conditions qui sont psychologiquement sûres pour pouvoir lancer ces initiatives-là, pour pouvoir s’assurer qu’elles vivent du succès dans ce qu’elles font.

Intervieweur : Justement, tu parles des directions avec lesquelles tu travailles. J’ai été directeur aussi un jour dans ma vie et j’ai toujours pensé qu’il fallait un coffre à outils bien garni pour faire une bonne job. Si je te pose la question, ça serait quoi que tu mettrais d’important dans le coffre à outils, mettons d’un prof, quelqu’un qui travaille en éducation?

Daphne : Parfait. J’aime beaucoup cette question, parce que j’aime la vision d’un coffre à outils qu’on continue à alimenter d’année en année, pendant qu’on se développe comme professionnel. Que ça soit une direction en devenir, nouvel enseignant ou enseignante, peu importe le rôle, je dirais d’avoir un système de mentorat dans sa vie.

Je ne dirais pas juste un mentor, mais je dirais plusieurs mentors. Je vais m’expliquer. On embarque en éducation, c’est un parcours, c’est une aventure, on part en voyage pour 30 quelques années, et on va avoir une boussole. La boussole va nous guider à travers notre parcours. On va avoir notre propre carte qu’on va devoir suivre.

La raison que je suggère plus qu’un mentor, plus que deux mentors, trois ou quatre mentors, c’est que chaque mentor va apporter à la table des forces qu’on recherche. Il n’y a pas un mentor qui va être parfait pour nous parce qu’on a notre propre vécu, on a nos expériences, on a nos valeurs. Les mentors, notre rôle– Parce que lorsqu’on est des professionnels en éducation, c’est important d’avoir aussi de la réflexion, d’avoir un temps pour aller vers soi, pour dire : « Qu’est-ce que j’ai de besoin? » Ça commence même au début dans sa carrière : « Qu’est-ce que j’ai besoin pour pouvoir m’épanouir? »

Là, on se questionne, puis on regarde autour de nous. Qui a telle et telle force? L’autre, une autre force. On regarde autour de nous. Là, on cogne à la porte des gens, on dit : « Moi, j’aimerais– » Ça peut être très informel, mais d’aller chercher l’appui avec différentes personnes selon leur force pour bâtir ta propre boîte à outils pour ton parcours, ta carte routière.

Qu’est-ce qu’ils vont faire? C’est à travers le coaching que tu vas recevoir avec ces gens-là. Ils vont déposer sur votre carte– Si vous pensez un peu une carte virtuelle, il y a de petites pins rouges un peu partout, des petits points. Ils mettent des petits points, puis là, toi : « Okay, c’est de petits points, des marqueurs. » Tu vas aller chercher qu’est-ce que tu as besoin de ces gens-là, puis tu vas bâtir ta capacité avec tout ceci. Tu vas aller chercher ce dont tu as besoin avec tous ces gens-là. Avec ça, ça va t’aider à te diriger, puis à te guider.

Toi, tu es unique comme personne, puis les mentors sont uniques. Ils peuvent seulement t’amener à un certain point. Ils n’ont pas vécu ta vie, ils n’ont pas vécu tes expériences, donc ils peuvent te guider, mais en bout de ligne, c’est toi qui vas devoir choisir, puis tu vas devoir être judicieux avec qui tu veux avoir. Ça n’a pas besoin d’être des êtres humains, ça peut être des livres, des auteurs. On a parlé de Simon Sinek tantôt, je l’adore. Il est un de mes mentors virtuels. Ça peut être une série de balados comme ça, ici. Où est-ce que tu vas aller puiser de l’information pour te ressourcer, pour mettre de petits points sur ta carte pour éventuellement te rendre à ta destination.

C’est comme ça je vois ça. Ça, c’est vraiment ce que je conseillerais aux gens, c’est de toujours continuer à apprendre. Aussi, de ne pas attendre que quelqu’un vienne t’appuyer. Il n’y a personne qui s’en vient te sauver. Il faut vraiment que tu sois ta propre personne.

Intervieweur : Avant de passer au prochain point, je voulais juste commenter par rapport au mentor. Peut-être qu’aussi, c’est bon d’en avoir plus qu’un ou une parce qu’il y a aussi le fait que, chez les gens, il n’y a personne qui a tout ce que tu as besoin. Ça, c’est vrai. En même temps, peut-être qu’au cours de ta carrière tes besoins peuvent changer. Je pense à une nouvelle direction versus une direction avec expérience. La même chose avec un prof. Peut-être aussi en fonction du milieu dans lequel tu travailles aujourd’hui. Ce n’est peut-être pas le même que tu vas travailler dans 5 ans, fait que les besoins changent.

Oui, il y a ce que la personne va t’apporter, mais il y a aussi ce que tu vis, puis ce que le milieu t’apporte va faire en sorte que peut-être que tu pourrais– Je suis d’accord avec ça que tu pourrais bénéficier d’avoir plusieurs mentors. L’autre chose que je voulais ajouter, je pense que c’est important que– Je ne sais pas ta définition d’un bon mentor. Je vais te la poser la question. Après ça, je te dirai ce que je pense. C’est quoi un bon mentor pour toi?

Daphne : Je pense qu’un bon mentor, c’est quelqu’un qui sait comment poser les bonnes questions pour te faire réfléchir. C’est vraiment ça, je crois. Ce n’est pas quelqu’un qui va te dire quoi faire. Il peut recommander des ressources, puis offrir quelques suggestions, mais vraiment, va agir beaucoup comme un coach. Il va te poser les questions pour que toi, tu viennes à ta propre réponse.

Intervieweur : On est d’accord là-dessus. Moi aussi, je pense la même chose parce que je trouve qu’il n’y a personne qui sait vraiment à 100 % ce que tu vis. Te poser les questions va te forcer toi-même à trouver les propres réponses en fonction de ce que tu vis, de ce que tu es comme personne. Je serais méfiant, je pense, un petit peu avec une personne qui aurait toujours les réponses toutes crues, toutes faites pour toi. Parce que deux oreilles, une bouche, donc quelqu’un qui est capable d’écouter beaucoup, puis après ça, de te poser les bonnes questions. Je pense qu’on est sur la bonne voie comme ça.

Daphne : Effectivement.

Intervieweur : Dans ta boîte à outils, à part des mentors, tu mettrais quoi à part de ça?

Daphne : À part de ça? Boîte à outils : la santé. J’ai parlé de ça tantôt comme une passion, mais les habitudes de vie saines. Ça, c’est tellement important parce qu’en éducation, c’est une carrière qui est extrêmement taxante sur la santé, le stress, de prendre soin de soi. On parle beaucoup de bien-être et tout ça. Je sais qu’on en parle beaucoup, mais le fait de bouger chaque jour. Il faut bouger, bien manger, faire attention à son alimentation, boire beaucoup d’eau, dormir. Il faut avoir du sommeil. C’est la base, c’est la fondation.

Notre corps, c’est une machine puissante, puis notre cerveau. Si on ne prend pas soin de ça, comment est-ce qu’on peut livrer les leçons, gérer une école, un conseil ou des directions si la machine ne fonctionne pas bien? Aussi, on est responsable de prendre des décisions assez importantes. Il y a beaucoup de gens qui dépendent de nous, alors c’est important, peu importe ton rôle. Tu es en salle de classe, tu as des élèves, tu as des parents, tu as peut-être une famille à la maison, ils dépendent de toi. Tu es surintendante des directions des écoles, c’est important de prendre soin de sa santé.

Intervieweur : Comment est-ce qu’une agente de supervision fait pour avoir le temps de tout faire ça? Avec une famille, avec plein de responsabilités, comment on fait?

Daphne : C’est assez simple, on a des non négociables dans notre vie, Louis. Mon mari, l’autre jour, a dit– On est à la table, puis il a demandé à ma fille– Ma fille, Phœbe, est en septième année. On parlait un peu des habitudes de vie saines, puis il a mentionné : « C’est quoi tes non-négociables, Phœbe? Quels sont tes trois non-négociables de la journée? »

Parce que lui, il voulait être modèle. « Moi, j’aime écrire », c’est mon mari qui parle : « J’aime écrire, j’aime faire la lecture, j’aime faire de l’exercice et tout ça. » Elle, elle pensait à ses choses, puis tout ça. J’ai dit : « Moi aussi, j’ai des non-négociables. » « Oui, Daphne, je suis certaine que tu en as des non-négociables. » J’en ai, c’est l’exercice le matin, donc je me lève très tôt.

[musique]

Intervieweur : Pour entendre la suite avec Daphne Wallbridge ou encore pour écouter un autre balado, visitez le site Internet du Centre franco. Ces conversations sont répertoriées sous l’onglet Nos formations, les Instituts du Centre franco, Les Instituts 24/24. Nous vous rappelons que, pour plus d’informations, vous pouvez communiquer avec le Centre franco à l’adresse courriel suivante : info@lecentrefranco.ca.

[musique]

Balado avec Daphné Wallbridge, 2e partie

Transcription

Intervieweur : Bienvenue aux conversations pédagogiques avec des passionnés! Initiée par le Centre franco, cette série de rencontres nous présente des professionnels de l’Ontario français qui excellent en éducation.

[musique]

Aujourd’hui, nous continuons à parler avec Daphne Wallbridge. Lorsque nous nous sommes quittés, elle nous expliquait ce qui était constant dans sa vie. Retrouvons-la donc très tôt dans son quotidien.

Daphne Wallbridge : Il y en a qui vont dire : « Moi, je ne pourrais pas faire ça. » On se lève à 4 h. On est des lève-tôt. Oui, on se lève tôt. En partie, on a une petite chienne qui nous réveille des fois, mais non, on se lève tôt. On prend notre café. Mon mari et moi, on prend notre café chaque matin, puis après ça, moi, je commence mon exercice. 5 h 30, je commence mon exercice pour environ 30 minutes. C’est 30 minutes, puis c’est non négociable. Aussi, je fais de l’écriture le matin.

Je prends une vingtaine de minutes pour faire de l’écriture. Je suis en train de travailler un troisième livre maintenant. Remarque, ce n’est pas de grosses bouchées de temps, 20 minutes, pour faire de l’écriture. 20 minutes pour l’écriture, mais c’est 20 minutes chaque jour. C’est un non-négociable. À la fin de la semaine, à la fin du mois, ces 20 minutes-là s’accumulent et, à la fin, il y a un livre qui va apparaître.

20-30 minutes d’exercice, mais le tonus musculaire est là. Mon rythme cardiaque a ralenti, je me sens mieux. C’est Atomic Habits de James Clear, le fameux livre. C’est ça que c’est. Je ne vise pas pour avoir — Je ne veux pas courir un marathon, je ne suis pas en train d’écrire une thèse, je fais des projets qui sont de valeur pour moi et, j’espère, pour la communauté. Je fais ça en petites bouchées chaque jour, je ne suis pas pressée. Je préfère bien faire les choses, mais en petites bouchées, puis de faire ça au quotidien. Je pense, c’est ça le secret, c’est d’en faire un petit peu chaque–

Intervieweur : La constance aussi, j’imagine?

Daphne : Mm-hmm, la constance.

Intervieweur : Parce que là, petites bouchées, mais — Ça se développe, cette constance, ou c’est quelque chose qui est inné? Comment qu’on fait pour développer la constance?

Daphne : Je pense ça se développe. Il y a toutes sortes d’applications maintenant. Comme il y en a qui ont une discipline personnelle. Moi, quand j’étais jeune, je devais pratiquer le piano deux-trois heures par jour. À l’université, j’ai étudié la musique. J’ai joué le piano toute ma vie, donc j’ai développé une discipline à un jeune âge, de pratiquer le matin, parce que là, j’avais fini. Peu importe, le matin, puis ça, c’était quelque chose qui —

Intervieweur : Tu t’en débarrassais?

Daphne : Je m’en débarrassais, puis ça, je recommande ça aux gens toujours toujours — C’est comme tu vas être payé en premier. Quand on reçoit notre paie, on dit : « Mets 10 % de ta paye pour ta retraite un jour. » On dit toujours ça. C’est un peu comme ça chaque jour. Tu gardes 10 % de ton temps, donc, par exemple, un peu de temps le matin pour ce qui est important pour toi.

Pour moi, c’est de créer du contenu. C’est d’écrire, de penser à qu’est-ce que je veux faire pour d’autres vidéos que je veux enregistrer ou peut-être des affichages sur les médias sociaux que je veux mettre. C’est du temps de créativité qui est très important pour moi, puis quand je me lève le matin, les idées sont claires.

Après ça, bouger. Moi, le soir, j’ai de la misère à bouger, sauf pour le yoga. J’aime beaucoup le yoga en soirée, mais pour faire des poids et haltères ou pour courir et tout ça, le soir, je suis très fatiguée pour faire ça. Le matin, j’ai l’énergie. Moi, je fonctionne mieux le matin. Il y en a qui fonctionnent mieux le soir, alors il faut aller avec son horloge. Moi, c’est ça, je fais juste un peu, mais chaque jour.

La constance, ça s’est développé, je pense, à la jeunesse, mais tu n’as pas besoin de commencer à la jeunesse. N’importe qui peut faire ça si la volonté est là. Il y a même des applications que tu peux avoir sur ton téléphone pour développer des habitudes et tout ça. Il y a toutes sortes de trucs maintenant sur le marché, mais c’est vraiment la volonté, si c’est important pour toi. Puis, tu retournes à ton « pourquoi », « Pourquoi que je veux faire ça? ».

Intervieweur : Tu viens de mentionner que tu écrivais tous les matins 20 minutes ou tu pensais à une petite vidéo, et cetera. Ce que j’entends dans ce que tu dis, c’est que tu es une créatrice de contenu impliquée.

Daphne : Oui.

Intervieweur : Parce que si tu fais une vidéo, c’est parce que tu as une intention, puis tu as un public cible. Comment on fait pour rester à la page? Parce que, ça aussi, je trouve que c’est un défi. Oui, je peux avoir quelque chose à dire, je peux avoir quelque chose à écrire, mais je peux être complètement dans le champ. Comment on fait pour rester pertinent quand on est créatrice de contenu impliquée?

Daphne : Moi, la façon que je fonctionne, vu que je lis beaucoup — Moi, j’écoute beaucoup de livres, donc m’asseoir et lire un livre, je vais être très franche avec toi, Intervieweur, je vais tomber endormie après rien, comme une page. Peut-être à cause que je me lève à 4 h du matin, je ne le sais pas.

Intervieweur : À quelle heure tu lis ton livre? C’est ça la question. À quelle heure?

Daphne : Ça dépend. C’est ça, puis avec mon horaire, je n’ai pas beaucoup le temps de m’asseoir. En septième année, on a des devoirs, des activités parascolaires et tout ça, mais pour moi, c’est tellement important de lire, donc j’adore Audible, j’écoute mes livres. Pour l’inspiration, vraiment, ça dépend qu’est-ce que j’écoute.

Là, je suis en train de finir un livre, le nouveau livre d’Adam Grant qui s’appelle Hidden potential, qui est phénoménal, un autre très très bon livre. Un livre très très bon. J’écoute un livre qui m’interpelle et, souvent, je vais choisir des livres — un qui m’intéresse, mais aussi, je pense, que les gens auraient besoin peut-être des leçons dans ce livre-là, que ça serait peut-être — Parce que je m’inspire des livres que je lis ou que j’écoute pour créer des contenus.

Des fois, si j’ai peut-être quelques semaines où c’est un petit peu tranquille sur mes canaux, sur Facebook ou LinkedIn ou peu importe -, des fois, il va y avoir des temps où je ne suis pas aussi présente parce que je cherche un livre, je cherche du contenu. Après ça, c’est facile parce que, quand c’est quelque chose qui m’interpelle, je vais sauter devant le téléphone, puis je vais m’enregistrer très vite, je vais lancer ça, puis je vais créer un petit texte. L’énergie va être là, parce que je vais tellement croire dans le message, puis je veux tellement le partager ce message-là que c’est le fun.

Quand je rencontre des gens en conférence, ils aiment les petites vidéos. Moi, je pense, je dis : « Je ne sais pas si les gens vont aimer ça. » C’est juste quelques minutes, encore une fois, le concept de micro, puis de microformations : de petites bouchées, mais de façon constante. Je pense que les gens aiment ça parce qu’eux aussi sont bombardés d’informations.

Intervieweur : Tu viens de mentionner, je pense, qu’un de tes trucs aussi, c’est quand tu as une bonne idée, tu l’enregistres sur ton téléphone. C’est ça que j’ai compris?

Daphne : Oui, c’est ça. Je vais créer une vidéo souvent quand c’est quelque chose, je dis : « J’adore ce concept-là. Ça, ça pourrait être utile pour les gens. Je pense que les gens ont besoin d’entendre ça. » Là, il y a deux choses qui arrivent. Un, la meilleure façon d’apprendre, c’est d’enseigner. Parce que, quand on lit tous ces beaux livres-là, puis on veut maîtriser l’information, les leçons, on veut les garder – c’est comme des bijoux, ces leçons-là – mais la meilleure façon de les maîtriser, c’est d’enseigner, donc j’enregistre. Je prends mon téléphone, j’enregistre, puis je prépare une petite vidéo de quelques minutes pour mes médias sociaux.

Intervieweur : Je trouve ça fascinant. Quand je t’écoute parler, je sens beaucoup une énergie – je ne sais pas c’est quoi le mot en français, mais un drive, comme une énergie, je vais prendre ce mot-là – qui fait en sorte que tu te motives ou – comment qu’on appelle ça? – tu inities chez toi plein de choses : ce désir d’apprendre, ce désir de communiquer, ce désir de donner les ailes autour de toi. C’est tous des concepts que tu as mentionnés depuis le début, puis tu dis : « Moi, je lis pour faire ci. » ou « J’ai une bonne hygiène de vie. », et cetera.

Est-ce que tu penses que – je vais appeler ça l’autoinitiation de la personne – ça peut se transmettre à une autre personne? Est-ce que tu peux aider une personne — Encore une fois, c’est la chance de la vie que tu as à cause de ta carte routière, justement, qui a fait que toi, tu es allumée.

Daphne : Je suis allée chercher les mentors à travers ma vie. Je suis allée chercher les personnes qui avaient des qualités, puis des forces que je recherchais. Ça, ça a aidé, mais tu as mentionné quelque chose d’important. Ça, j’avais commencé à en parler tantôt, il n’y a personne qui va revenir te sauver, donc tu veux quelque chose, tu dois initier par toi-même. Tu dois initier par toi-même les événements. Tu dois vraiment être l’architecte de ta vie. La meilleure façon d’encourager les gens de faire ça, c’est d’être le modèle.

Je veux dire, les gens vont devoir faire ce qu’ils ont à faire, puis s’ils ne veulent pas le faire — Même au niveau d’une [inintelligible 0 h 10 min 50 s]. Je veux dire, si j’aime manger sans thé. Tu fais ta cuisson, éventuellement, les gens vont dire : « Tu as l’air en forme, tu te sens bien. Je vais essayer ça, moi aussi. » Okay. Je pense, quand tu es le modèle, donc je vais donner un exemple comme agent de supervision. J’essaie les modèles pour mes directions au niveau d’équilibre dans la vie. Je vais te donner un exemple.

À cause que j’adore le yoga, maintenant, c’est même une de mes nouvelles passions, j’essaie d’apporter ça à l’ouvrage. Pendant une réunion de directions, on va tenter de réserver le matin, de 6 à 7, une session de yoga pour les directions, ceux qui veulent. Bien sûr, c’est une invitation. Ça, c’est une façon d’aller aider les gens à se motiver ou à peut-être découvrir de nouvelles passions ou à modéliser pour les gens ce qu’on aimerait voir chez eux. Encore, c’est de créer les conditions pour que les gens puissent peut-être se découvrir, peuvent découvrir de nouvelles passions. C’est ça.

Tu veux créer les conditions pour que les gens puissent s’épanouir, puis tant mieux si c’est dans la même veine que tes intérêts aussi. Ça, c’est la partie que j’aime beaucoup de mon travail, c’est de pouvoir tenter de petites choses comme ça, puis s’amuser. J’aime beaucoup le jeu, j’aime beaucoup le plaisir. Il faut s’amuser aussi. Ce qu’on fait, c’est sérieux, mais il ne faut pas se prendre au sérieux.

Intervieweur : J’ai déjà entendu ce terme-là, puis ça m’avait fasciné. Finalement, tu es une leader de coulisses aussi. Oui, tu es en avant, tu fais plein de choses, mais une leader de coulisses qui influence, comme tu as dit, qui met les conditions et qui est attentive au climat. Qui fait en sorte que tu te poses aussi la question : comment est-ce que je pourrais faire pour que soit ce que je fais ou ce que je dis puisse influencer? Leader de coulisses.

Daphne : J’aime ça, merci. Ça, c’est beau, merci. [rires]

Intervieweur : Ça ne vient pas de moi. Je l’ai déjà entendu parce que c’est comme une pièce de théâtre, tu sais?

Daphne : Oui.

Intervieweur : Il y a le metteur en scène qui est en avant, puis qui dit aux acteurs, aux actrices, comment bouger, mais il y a aussi des gens en coulisses qui disent : « Il faut que tu pousses la chaise. Le décor, il faut qu’il rentre en ce moment. » C’est comme, oui, il y a du direct, mais il y a de l’indirect aussi. En éducation, c’est peut-être ça aussi, une autre des avenues et comment je peux influencer indirectement pour, comme tu as dit, mettre les conditions.

Daphne : Mettre les conditions.

Intervieweur : [inintelligible 0 h 13 min 48 s].

Daphne : Oui, puis connaître la psychologie des gens. On sait quand il y a des messages qui doivent venir du haut, puis il y a des messages qui viennent du haut, mais on ne veut pas qu’ils sachent que ça vient du haut. On veut que ça vienne du centre. Ça aussi, c’est ça. Comme leader, il faut savoir quand et comment livrer ces messages-là pour que ça vienne des coulisses, comme tu dis, pour que les gens puissent avoir cette liberté-là d’agir, puis de sentir qu’ils ont de l’autonomie, qu’ils ont une voix, puis de bâtir leurs capacités. Souvent, ils ont besoin de ça.

Même avec mes directions, des fois, il y a des situations. Des fois, je vais attendre un petit peu. Je dis : « Qu’est-ce que je vais faire pour bâtir leurs capacités? » Ils vont m’appeler, puis je vais dire : « Avant que je te donne ma réponse, toi, qu’est-ce que tu as en tête, puis je vais valider, voir si c’est bien. Tu as déjà en tête qu’est-ce que tu veux faire, mais tu veux juste ma validation. Dis-moi qu’est-ce que tu veux faire, là, avant ? Va trouver ta solution, puis après ça, je vais valider. »

Le danger, c’est que, pour parler du leader de coulisses ou du leader qui est toujours là, c’est un défi, des fois, parce qu’on a des gens, quand tu arrives, comme à la surintendance après un bout de temps, tu es habitué de prendre des décisions. Mais, il faut que tu laisses la chance aux autres de prendre des décisions aussi, puis il faut qu’ils soient dans cette zone-là pour bâtir leur confiance parce que, sinon, on n’est pas en train de les outiller, nos gens, pour qu’ils deviennent autonomes.

Je veux dire, c’est de l’ouvrage, toujours prendre ces décisions-là, donc c’est bon. Qu’est-ce que tu veux? Arrive-moi avec un plan. Je sais que ça va être très bien, puis on va en discuter. Les chansons, j’ai juste à valider, et le tour est joué. Là, ils se sentent comme : « Sais-tu quoi? Je suis capable de faire ça. » Ça bâtit la confiance, puis ça bâtit aussi les habiletés chez les gens. Ça, c’est très important aussi que tu sois direction — Même au niveau de la salle de classe avec tes élèves, c’est très important de faire attention, de ne pas toujours arriver avec les réponses pour les gens.

Intervieweur : Justement, on arrive à la question qui s’appelle « En rafale », et on a parlé de [inintelligible 0 h 16 min 25 s] tantôt, c’est un concept que, je sais que, dans son balado, il utilise, où je te dis un mot et tu me dis une phrase. Pas plus qu’une phrase. Okay?

Daphne : Okay.

Intervieweur : C’est ça qui est intéressant, une ou deux, je veux dire. [silence]

Daphne : Une phrase.

Intervieweur : Tu peux dire : « On passe » aussi. [rires]

Daphne : Non, je sais, [inintelligible 0 h 16 min 49 s]. Bien, numératie. L’élève doit bouger en salle de classe pour apprendre. Moi, c’est la vision que j’ai, c’est ça que je vois, là.

Intervieweur : C’est parfait, c’est ça qu’on veut, une phrase.

Daphne : Okay.

Intervieweur : Si je te dis « nouveau curriculum ».

Daphne : Reprendre le temps pour le maîtriser.

Intervieweur : Okay. Parfait. Si je te dis « l’Ontario ». [rires] Allez, je te vois sourire, là.

Daphne : Une province où on gèle. [rires]

Intervieweur : Okay. Surtout aujourd’hui.

Daphne : On est en janvier, là. Okay.

Intervieweur : Si je te dis « les femmes en éducation ».

Daphne : Sont créatives, passionnées et aiment réseauter et se développer.

Intervieweur : Si je te dis « équilibre ».

Daphne : Non, il n’existe pas vraiment. Il faut évaluer sa vie continuellement pour prioriser ce qu’il faut en temps et lieu selon ce qui se passe dans notre vie. Là, j’ai fini. [rires]

Intervieweur : Si je dis « un rêve ».

Daphne : Va s’actualiser lorsqu’on entreprend de petits pas chaque jour de façon constante.

Intervieweur : Si je te dis « prochain job »?

Daphne : Prochain job, conférencière et consultante privée.

Intervieweur : Si je te dis : « Un mot que tu aurais aimé ça que je mette dans la liste, que je ne t’ai pas dit, ça serait quel mot? »

Daphne : « Repos ».

Intervieweur : Okay. Pourquoi j’aurais dû te dire ce mot-là?

Daphne : On est tellement axé sur le — Je peux te dire plus qu’une phrase, là?

Intervieweur : Oui.

Daphne : Okay. C’est à cause qu’on est tellement axé comme société, puis j’en suis très coupable de toujours travailler, puis remplir chaque minute de notre temps, qu’il faut créer des espaces dans notre calendrier et dans nos jours. Pour un, pour la santé mentale, mais aussi pour créer, pour innover, parce que c’est pendant ces moments-là de détente et de jeu et de plaisir que les belles idées vont apparaître. Les gens pensent souvent que : « Là, je ne fais rien. » Non, tu fais quelque chose. Ne faire rien, c’est faire quelque chose.

La culture, la société n’encourage pas ça. Moi, ça, c’est le mot que j’aimerais souligner.

Intervieweur : Complètement d’accord avec toi par rapport à : il faut se donner du temps à, techniquement, on dit « Ne rien faire. », mais pour que notre corps et notre cerveau, puis tout ce qui est en dedans nous parle parce que si on est tellement pressé, tellement en train de faire mille et une choses, on n’a plus le temps de s’écouter.

Daphne : C’est ça, exactement. C’est important ce message que je voulais transmettre ce soir parce qu’on est occupé, puis moi, j’en suis une, mais je prends un temps de repos aussi.

Intervieweur : Je sais que tu en as cité plusieurs des ressources, si je te disais, je te demandais : Est-ce que tu pourrais nous parler d’une ressource que les gens auraient intérêt à connaître? Puis, on mettra la référence que les gens puissent aller.

Daphne : Oui. J’ai parlé de quelques vidéos que, moi, j’aime tourner des fois, j’aime afficher sur ma page YouTube. J’ai commencé. Le post, c’est le first year principle, mais j’ai une catégorie de vidéos francophones, ça s’appelle Le coaching à p’tites bouchées. On dirait que toutes mes ressources francophones, je parle de nourriture, mais en tout cas, à petites bouchées.

Intervieweur : On ne sait pas pourquoi.

Daphne : On ne sait pourquoi, mais, en tout cas, ça [inintelligible 0 h 21 min 15 s]. Je pense rapidement au titre, je dis : « Je pense ça, c’est parfait, une petite bouchée de quelque chose, et on définit. » J’ai quelques vidéos. Je veux continuer à alimenter cette série-là. Puis, j’ai une page Facebook aussi pour la communauté francophone. Je viens juste de l’ouvrir il y a quelques semaines. Ça s’appelle aussi Coaching à p’tites bouchées. Ils peuvent aller voir, ils peuvent chercher ça et ils vont le voir, mais on peut mettre les liens aussi. C’est des ressources où je tente d’alimenter régulièrement avec des citations, de petites vidéos, puis des trucs, je crois, qui pourraient rendre service.

Intervieweur : Dernière question, qu’est-ce que tu dirais, à titre de conclusion, pour ce temps, justement, quand c’est permis d’avoir pour discuter de pédagogie et de plein d’autres choses intéressantes? Qu’est-ce que tu dirais en conclusion, aujourd’hui?

Daphne : Je dirais que, même si on est en éducation, puis nos horaires sont chargés, c’est un boulot qui est valorisant, mais très taxant, c’est une grosse carrière. Peu importe le rôle qu’on a, je dirais que c’est très important d’avoir des passe-temps, puis des passions dans sa vie, à l’extérieur de l’ouvrage. Ça, c’est important parce qu’un, ça rend la vie — On a parlé du mot équilibre tantôt. Si on veut utiliser le mot équilibre, je vais l’utiliser parce que ça aide à équilibrer la vie, ça t’aide aussi à mieux gérer ton temps parce que, lorsque tu as des rendez-vous en soirée pour des cours, des passe-temps et tout ça, ça te force à être plus efficace pendant la journée pour finir ta journée.

Parce que le plus de temps que tu as pour le travail, c’est le temps que tu vas avoir besoin pour faire ce travail-là. Le Parkinson’s law, ça s’appelle. Quand tu as des passions, des passe-temps, dans ta vie, ça te rend, un, heureuse ou heureux, c’est bon pour la santé, c’est bon pour le social. Ça t’aide à découvrir de nouvelles idées pendant que tu fais de la peinture, de la poterie, de la danse, peu importe. C’est là que tu vas penser à tes idées, tu vas te reposer.

Il y a autre chose, Guillaume Daigneault, que tu connais peut-être, un psychologue québécois. Il est très populaire, il a de très bonnes idées. Il a mentionné que le repos, juste pour revenir à ce mot-là, ça ne veut pas dire que tu dors ou que tu ne fais rien non plus, comme tu ne peux rien faire, mais le repos pour lui, par exemple, lorsqu’il ne travaille pas, il est dans des safaris en Afrique. Quand on fait des passe-temps, quand on fait de la cuisson, ou du yoga, ou de la course, ou peu importe, on n’est pas là au boulot. On était en train de se reposer parce que notre cerveau n’est pas en train de travailler tout le temps au niveau de notre carrière. C’est ça, le message que je laisserais, c’est : assurez-vous d’avoir des passe-temps, c’est pour bien équilibrer votre vie. Puis, prendre soin de vous.

Daphne : Daphne, ce fut un temps super précieux. Je me sens toujours privilégié, moi, de rencontrer des gens aussi passionnés et passionnants. Ce soir, c’était toi, Daphne, qui nous a amenés sur ton terrain, qui nous a parlé de tes passions, qui nous a parlé aussi de comment tu perçois la vie, comment tu perçois ton travail, qu’est-ce qui est important. Merci pour ce temps précieux, de cet entretien. Merci à toi.

Intervieweur : Merci beaucoup, c’était très agréable.

[mudique]

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