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Balado avec Sylvie Labrèche


Sylvie Labrèche est une professionnelle de l’éducation à la direction des services pédagogiques du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) depuis 2016.  

En début de carrière, elle était éducatrice spécialisée en déficience intellectuelle et en adaptation sociale. De 2005 à 2016, elle a occupé les postes de conseillère pédagogique, de directrice adjointe et de directrice de l’École secondaire catholique de Plantagenet et de directrice de l’École élémentaire catholique Saint-Isidore.  

En 2010, madame Labrèche a commencé à animer des cours menant à une qualification additionnelle à la direction de l’Université d’Ottawa et de l’ADFO. Depuis 2016, en poste au CSDCEO, elle joue un rôle clé dans le développement des stratégies pédagogiques et dans la formation du personnel enseignant. 


Balado avec Sylvie Labrèche, 1re partie

Transcription

Louis Houle : Bienvenue aux Conversations pédagogiques avec des passionnés. Initiée par le Centre franco, cette série de rencontres nous présente des professionnels de l’Ontario français qui excellent en éducation.

[musique]

Aujourd’hui, nous parlons avec Sylvie Labrèche, qui a débuté sa carrière en éducation en étant éducatrice. Par la suite, elle a exercé les fonctions d’enseignante en enfance en difficulté. Ensuite, elle fut conseillère pédagogique, direction adjointe et direction d’une école secondaire, et ensuite d’une école élémentaire. Elle est aujourd’hui directrice des services pédagogiques, maternelle à douzième année, pour le Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien. Transportons-nous à l’instant dans tout ce qui anime la pédagogie chez Sylvie Labrèche. Bonjour et bienvenue, Sylvie!

Sylvie Labrèche : Bonjour, Louis! C’est un plaisir pour moi d’être ici.

Louis : Déjà, on va commencer avec la première question. Cette passion pour la pédagogie, ça vient d’où, ça?

Sylvie : Très bonne question. C’est vraiment ce désir d’apprendre. J’étais une apprenante, moi. J’aimais aller à l’école, je retranscrivais mes notes à la maison. Oui, pour moi, c’était une façon d’apprendre. J’aimais que tout soit beau, tout soit propre. C’était vraiment important pour moi de retranscrire mes notes à la maison. Je jouais à l’école, au sous-sol, chez moi, avec ma sœur.

Ça fait partie de mon parcours étant toute jeune. C’est certain que j’ai débuté ma carrière comme éducatrice de formation, mais ça m’a permis, à un moment donné, dans une école, d’avoir la piqûre, puis de me dire : « Moi, c’est enseignante. Je veux faire une différence dans la vie des élèves. » J’aimais les petites étoiles qu’il y avait dans les yeux des enfants quand on faisait des choses qui sortaient du cadre. Pour moi, c’était de garder ce pétillant dans les yeux des enfants. C’est ça qui était mon carburant.

Louis : Justement, tu utilises l’expression sortir du cadre. Comment ça s’applique à toi, en pédagogie, sortir du cadre?

Sylvie : C’est une bonne question parce que sortir du cadre, pour moi, quand je pense à tout le volet créativité, je suis très créative, j’aime innover, j’aime faire les choses autrement. C’est toujours essayer de pousser mes limites, puis voir : Y a-t-il une façon différente de faire les choses parce que justement les apprenants apprennent de diverses façons. Si on veut être capable de toucher les gens avec qui on travaille, il faut être créatif. Il faut essayer de voir : « J’ai réussi à aller chercher telle personne, maintenant comment je peux m’y prendre pour aller chercher une autre personne qui apprend autrement? » Pour moi, c’est ça sortir du cadre, c’est d’être créatif, puis trouver mille et une façons pour engager les gens à suivre.

Louis : Je ne sais pas, mais est-ce que c’est difficile? Moi, j’ai toujours l’impression que c’est difficile d’être créatif, créative, quand on travaille pour des grandes organisations. N’importe lequel. Je sais que toi, tu aimes la peinture, puis que tu fais des œuvres incroyables. Chez nous, en train d’écrire, c’est facile d’être créatif dans le sens que nos barrières — Comment on fait pour être créatif dans un milieu où est-ce qu’il y a bien du monde?

Sylvie : Une grande force, c’est de collaborer. Quand on collabore à plusieurs tables, puis qu’on est capable de rentrer en relation avec les gens, les gens nous font confiance. C’est là qu’on est capable d’initier certaines idées, puis d’amener les gens à nous suivre, puis à nous écouter aussi dans nos idées farfelues, des fois. C’est ça. Quand on travaille en équipe, on va chercher les forces de tout le monde. On n’arrive pas comme un bulldozer avec nos façons de faire, mais bien, on est à l’écoute, on a nos antennes allumées, puis on est capable d’aller se rallier autour d’une grande équipe. On ne fait pas ça seul.

Louis : Tu dis l’importance d’avoir une équipe, c’est peut-être aussi parce que j’entends, dans tes mots aussi, de créer des conditions gagnantes, peut-être, pour tout le monde?

Sylvie : Tout à fait, c’est ça. On veut faire briller tout le monde. Ça aussi, quand tu es capable de faire briller les gens, ça les met en avant-plan. On est capable d’aller voir les forces de ces personnes. Innover, créer, c’est vraiment être capable de mettre les gens en lumière.

Louis : Je trouve ça vraiment fantastique ce que tu dis. En même temps, peut-être pas chez vous, mais, des fois, quand l’énergie est plus basse — Qu’est-ce que Sylvie Labrèche fait quand, tout d’un coup, elle sent que : « J’ai besoin d’une petite motivation supplémentaire. », ou peut-être que ça n’arrive jamais chez vous. [rires]

Sylvie : [rires] Non.

Louis : C’est quoi des trucs que tu pourrais nous dire ou ce que tu fais pour cranker la machine chez Sylvie Labrèche?

Sylvie : Je pense qu’en éducation il faut rester allumé. Il faut participer à des colloques, des congrès, lire, faire beaucoup de lecture, participer à des formations. On est des apprenants à vie, on n’arrête pas d’apprendre. On a besoin de se ressourcer constamment, mais aussi au niveau personnel, il faut être dans notre bulle à un moment donné, puis se dire : « Ça, c’est ma bulle, j’ai besoin de ça. » Et puis je vais aller me regrounder, me ressourcer. Je pense que c’est important aussi de s’offrir un temps, et puis dire : « On est la personne la plus importante de notre vie. » Je pense qu’en s’accordant ce temps, c’est là qu’on peut être encore mieux. On peut être au service des autres. Si on est au service de soi en premier, on peut être, après ça, un meilleur serviteur pour les autres.

Louis : C’est possible de faire ça, d’être à son service parce que j’ai l’impression qu’on est bombardé de demandes. Quand on a un petit peu de leadership, tout d’un coup, tu te retrouves en communauté avec des demandes, puis, après ça, en famille, puis au travail. Comment on fait pour se choisir avec tout? Comme tu es une personne allumée, j’imagine qu’il y a beaucoup de choses qui t’intéressent? Comment on fait parce qu’il me semble c’est une tâche, peut-être pas impossible, mais difficile, non?

Sylvie : Oui, il faut prioriser, je pense, et puis s’écouter dans nos valeurs. Je vais te donner l’exemple, je fais partie d’un conseil d’administration au Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell. Pour moi, c’est important de donner du temps parce que ça fait partie de mes valeurs. Je vois en quoi l’organisation est capable de donner, puis rayonner aussi, peut être au service de. Je pense que, quand ça adhère à nos valeurs, on en trouve, du temps. J’ai déjà fait partie du conseil d’administration de Regroupement Autisme Prescott-Russell. C’est un regroupement que j’ai tatoué sur le cœur. C’est vraiment important pour moi, j’ai trouvé le temps. Je pense que c’est vraiment ça. C’est de s’écouter, et puis de ne jamais s’éloigner de nos valeurs, et puis on trouve le temps qu’il faut, mais tout en priorisant, bien sûr, parce que les demandes viennent de partout, c’est certain.

Louis : Finalement, de dire qu’on n’a pas le temps, on a toujours le temps pour nos priorités.

Sylvie : Exactement.

Louis : D’être capable de fixer. J’aime beaucoup l’image de quand on nage, dans une rivière ou un lac. Une rivière, c’est encore mieux pour l’image, mais on a le choix de nager, puis décider où est-ce qu’on veut aller, ou on peut se laisser flotter et le courant va nous amener où est-ce qu’il veut. Peut-être que la vie, c’est la même chose. Tu as le choix de te laisser flotter, ou tu as le choix de décider de nager en te fixant tes objectifs, et cetera. Ça m’amène à une autre question parce que là, on parle de grands principes. On va se rapprocher un petit peu de la salle de classe. Pour toi, Sylvie, quand on dit l’expression un ou une bonne prof, ça se définit comment, ça, chez toi?

Sylvie : Le mot qui me vient très rapidement, c’est bienveillance. C’est une personne qui a à cœur le bien-être de l’enfant, en premier. Quand toutes les conditions sont en place pour que l’enfant soit heureux, c’est sûr que l’enfant va être disposé à apprendre. C’est sûr qu’il y a plein d’autres qualités, quand on parle d’une bonne enseignante ou d’un bon enseignant. Ça demande quelqu’un qui est constamment en développement professionnel, à se requestionner, puis à revisiter ses pratiques, qui veut toujours être à l’affût des dernières stratégies qui ont de l’impact sur l’apprentissage des élèves, mais je te dirais la bienveillance.

Il n’y a pas de bienveillance, il n’y a pas d’apprentissage, puis la bienveillance amène la connexion. Il y a une connexion qui se fait avec les enfants, et puis les enfants vont vouloir suivre, vont vouloir apprendre, vont vouloir se lever le matin pour venir à l’école. Moi, c’est ça qui me vient en tête tout de suite. Puis, il y a tellement de belles initiatives qu’on met en place pour le bien-être des élèves à l’école que je dirais que nos enseignants, enseignantes, ont le cœur à la bonne place, puis ils mettent des belles choses en place, les conditions gagnantes pour que les élèves soient bien.

Louis : Finalement, tu as mis en premier le lien créé —

Sylvie : Oui, tout à fait.

Louis : — entre les deux.

Sylvie : Puis, une connexion. Tu peux être bienveillant, mais que jamais cette connexion-là, puis à un moment donné, j’avais participé à une formation, puis le formateur avait parlé d’une connexion. Que c’est important que chaque enfant, quand il se lève le matin, qu’il y a une connexion avec un adulte significatif dans son école, que ce soit la secrétaire, le concierge, l’enseignant, éducatrice, aides-enseignants, peu importe, mais il faisait référence à la connexion, puis moi, ça m’avait vraiment frappée parce que je me disais oui, c’est vrai que, des fois, on a des relations pas superficielles, mais qui ne sont pas d’une grande profondeur, mais que chaque enfant mérite d’avoir une connexion avec un adulte significatif.

Louis : Je trouve ça intéressant parce que ça me ramène à ma première année en éducation où est-ce que moi, je ne l’avais pas compris, ça, [rires] et que — mon Dieu que ça été — J’avais juste 16 élèves, puis ça n’a pas été ma meilleure année, mais c’est parce que je — Au fur et à mesure que l’année se passait, je comprenais que — C’est quoi la raison? Comme tu le dis, pourquoi ces jeunes-là viennent dans ta classe, puis qu’ils sont motivés, et cetera.

En plus, l’autre exemple, en tout cas, moi, ce que je me souviens de mon primaire, c’est les personnes. Ce n’est pas nécessairement la règle du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir. Non, je me souviens de monsieur Gauthier, par exemple, que lui nous demandait d’amener un article de journal qui parlait du monde, et puis dans la classe, je me suis retrouvée à visiter le monde entier grâce à lui, et j’ai toujours dit que, si un jour, j’ai adopté des enfants, c’était grâce à lui.

Sylvie : C’est tellement beau.

Louis : Ce lien super important, et puis est-ce que tu penses que — J’avais écrit l’autre question que je trouvais, qu’est-ce qu’on fait avec un élève qui n’apprend pas? On s’entend qu’il apprend, là, mais c’est très difficile d’apprendre. Qu’est-ce qu’on fait avec un élève ou une élève dans notre classe que pour elle ou lui l’apprentissage est archidifficile?

Sylvie : Il y en a des élèves pour qui l’apprentissage est vraiment difficile, et je pense qu’il ne faut pas lancer la serviette, il faut trouver la bonne stratégie à enseigner à cet enfant-là. Il doit trouver des mécanismes, il doit trouver des façons d’apprendre malgré ses difficultés. Je pense qu’il ne faut pas lâcher, puis, des fois, ce n’est pas nous qui avons la réponse, mais il faut aller se trouver des alliés.

C’est sûr que le système d’éducation, on a cette chance-là de travailler en équipe, en collaboration, et puis, moi, je dis c’est de frapper à la porte de collègues qui ont peut-être des idées ou des stratégies parce que chaque enfant apprend, mais, des fois, il s’agit juste de trouver la bonne stratégie. Souvent, ça part des intérêts des élèves, alors c’est d’aller gratter un petit peu au-delà de la pédagogie, mais d’aller voir c’est quoi les intérêts de cet enfant-là, ses forces, puis à partir de là, souvent, on peut construire là-dessus.

Il y a d’autres façons, mais il ne faut pas lancer la serviette, puis il faut aussi se dire qu’on le fait en équipe. L’école, c’est une communauté, c’est ça qui est beau. Ce n’est pas un travail qu’on fait seul dans son bureau, c’est la beauté. Il y a un adulte à quelque part qui détient cette clé-là, et puis c’est ça la force de travailler avec des équipes de la réussite ou des caps ou des équipes de collaboration dans les écoles, c’est qu’on met toutes nos idées ensemble pour être capables de trouver la formule qui va vraiment appuyer l’élève qui a un petit peu plus de difficulté.

Louis : C’est ça que tu faisais comme éducatrice?

Sylvie : Tout à fait. Oui, c’est certain. Pour moi, c’était de voir — Puis, c’est se questionner aussi comme adulte parce que ce n’est pas l’enfant qui a une difficulté nécessairement, c’est l’adulte qui n’a pas trouvé la bonne stratégie, aussi de se remettre en question, puis d’essayer de trouver : « Demain, je vais essayer autre chose parce que, là, ma stratégie n’est pas bonne ou je dois essayer de m’adapter. Je pense que c’est sain comme adulte d’être toujours en mode solution. »

Louis : Ce n’est pas fatiguant, ça, toujours se remettre en question comme ça? Tu penses que là, t’as la stratégie, puis là, tout d’un coup, il y a quelqu’un qui dit : « Penses-tu, là? Il faut que tu te poses des questions. »

Sylvie : Oui, c’est sûr, c’est demandant, mais c’est stimulant aussi parce que c’est loin d’être plate, notre travail. On est toujours en mode : « Qu’est-ce que je peux essayer de faire de façon différente et tout ça? » C’est pour ça qu’on choisit ce domaine-là parce qu’il n’y a pas une journée qui est pareille, puis il n’y a pas un enfant de pareil non plus, alors je pense que c’est un petit peu pourquoi on décide de se lancer dans cette profession-là.

Louis : Il faut avoir une relation, j’appelle ça une relation avec le changement, assez positive, parce que si, aujourd’hui, ma stratégie était bonne, demain, je la change, puis après-demain, je suis rendue à une troisième. Est-ce que tu penses que, finalement, l’apprentissage, ce n’est pas une question d’intelligence, mais c’est une question d’acharnement? Ce n’est pas nécessairement les plus intelligents ou les plus intelligentes qui réussissent, mais les personnes qui n’arrêtent jamais d’essayer?

Sylvie : Je dirais les personnes les plus résilientes, celles qui n’ont jamais peur de se retrousser les manches et d’essayer, comme tu dis. On parle beaucoup de mentalité de croissance, c’est de se dire l’erreur fait partie du processus, et puis —

[musique]

Louis : Pour entendre la suite de la conversation avec Sylvie Labrèche ou la série de balados, visitez le site Internet du Centre franco. Les balados sont répertoriés sous les onglets Nos formations; les Instituts du Centre franco et les Instituts 24/24. Enfin, il est toujours possible de communiquer avec nous en utilisant l’adresse courriel suivante : info@lecentrefranco.ca.

[musique]

Balado avec Sylvie Labrèche, 2e partie

Transcription

Louis Houle : Bienvenue aux Conversations pédagogiques avec des passionnés. Initiée par le Centre franco, cette série de rencontres nous présente des professionnels de l’Ontario français qui excellent en éducation.

[musique]

Aujourd’hui, nous retrouvons Sylvie Labrèche pour la suite de son balado. Lorsque nous l’avons quittée, elle nous parlait de l’importance de la résilience.

Sylvie Labrèche : Je pense qu’il faut enseigner ça à nos élèves aussi. La personne qui n’a jamais fait d’erreur n’est pas en apprentissage. Moi, je trouve que c’est la résilience qui ressort de tout ça. On a beaucoup à apprendre des élèves justement qui ont eu certaines difficultés parce qu’ils nous enseignent cette résilience-là. Ils n’arrêtent pas d’essayer, puis d’essayer de surmonter leurs défis. Oui, c’est une grande force chez eux.

Louis : La directrice des services pédagogiques, elle peut faire des erreurs?

Sylvie : [rires] J’espère que j’en fais. C’est certain, c’est ça qui fait la force d’une équipe, c’est d’apprendre de ces erreurs-là, puis d’essayer de faire mieux et différemment. C’est ça.

Louis : Je te taquine. Je revenais au début, tu disais la force de l’équipe. Quand on a créé le climat — En tout cas, je ne sais pas si vous êtes d’accord avec moi, mais quand on a créé le climat qui fait en sorte que, un, on donne des ailes autour de nous et qu’il y a cette confiance qui est établie, oui, ça donne des ailes aux autres, mais, en même temps, ça nous en donne à nous parce que oui, je peux faire des erreurs, ce n’est pas grave parce que, un, l’équipe, on va ramasser, puis on va continuer avec ça. Tandis que, si tu es tout seul dans ton coin, c’est l’inverse, ramasser une erreur que tu viens de faire, ça peut être un petit peu plus difficile, non?

Sylvie : Tout à fait. C’est ça la beauté d’une équipe, c’est d’aller chercher des gens qui sont tous différents, qui apprennent différemment, puis qui apportent des choses différentes aussi au moulin qui fait que c’est la beauté parce qu’on ne s’allie pas avec des gens qui sont comme nous parce que, sinon, on va aller vers une direction, on ne confronte pas des idées, on ne va pas dans des endroits qui sont peut-être déstabilisants un petit peu, mais la force d’une équipe, c’est vraiment des gens qui sont différents, puis qui amènent les autres à cheminer, mais quand même tous vers le but commun. On s’est fixés ce but-là, on travaille tous vers le but commun, mais on peut se rendre de différentes façons.

Louis : Le temps avance, mais j’avais une autre question que je voulais te poser par rapport, parce que je le sais, parce qu’on se connaît, que la technologie est importante dans ton travail, puis comme personne, et puis là, quand on écoute autour de nous, on pose des questions par rapport à la place des écrans dans l’apprentissage. Toi, Sylvie, c’est quoi la place de l’écran ou la place de la technologie dans nos apprentissages?

Sylvie : La technologie, elle, occupe une grande place, mais, en même temps, je pense que tout est dans l’équilibre. Je pense qu’il faut bien éduquer nos jeunes à avoir cet équilibre-là. La technologie peut travailler pour nous, mais il n’y a pas juste la technologie, il y a beaucoup d’autres façons d’aller chercher soit des ressources ou des stratégies. Oui, ça occupe une grande place, mais, en même temps, il faut savoir bien l’utiliser, puis être des bons citoyens numériques, d’être à l’affût des dangers que ça amène, puis à l’affût des belles choses que ça amène également.

Louis : En tout cas, j’ai plein de questions, mais là, je me dis : « On pourrait parler longtemps de l’influence de la technologie. », mais je vais aller tout de suite à la prochaine question qui est : Pour toi, Sylvie, l’école, si tu avais, aujourd’hui, je te donnerais la possibilité de créer ton école avec ce que tu veux, ça serait quoi les deux principes de base que tu ferais en sorte pour ton école idéale ou de rêve?

Sylvie : Grosse question. Une école de rêve? Je te dirais, c’est un peu ce qu’on vit en ce moment en termes de pédagogie entrepreneuriale où on laisse la place à l’élève. On est beaucoup dans cette philosophie-là, chez nous, où on laisse la place à l’élève d’être vraiment au centre de son apprentissage. On part de ses intérêts parce que, trop souvent, l’élève peut jouer un rôle passif dans son apprentissage, puis je trouve que le placer comme ça au cœur — L’école de rêve, c’est l’école où l’élève a une voix, on respecte ses idées, et puis on veut l’amener à développer ses compétences justement dans le but qu’il prenne sa place dans la société.

On parlait souvent, dans différents articles, la société de demain, ou le préparer pour demain, mais moi, je crois sincèrement qu’on le prépare pour aujourd’hui. C’est sûr qu’on le prépare pour demain, mais en fait, il faut le préparer pour aujourd’hui parce que c’est aujourd’hui qu’il peut jouer un rôle vraiment significatif dans sa communauté, dans la société et même mondialement, quand on y pense, l’élève peut laisser son empreinte sur le monde. L’école de rêve, c’est où l’élève est au cœur, et puis où les adultes sont engagés, puis ont une soif d’apprendre et de toujours vouloir innover et se requestionner parce qu’encore là des adultes qui sont dans cette posture-là, ça ne peut pas faire autrement que de laisser toute la place à l’élève.

Louis : Est-ce que c’est réaliste, ça, de – Parce que, quand on donne une voix à l’élève, ça veut dire qu’on laisse du pouvoir à l’élève. Le prof qui décide tout, il a tout le pouvoir. Le prof qui dit aux élèves : « Tu peux choisir – » Dans un monde où, on ne se le cachera pas, c’est quand même assez difficile d’être prof. Il y a plein d’attentes, il y a plein de monde qui regarde autour, et cetera. Comment on fait justement pour être capable de laisser cette voix aux élèves quand j’ai l’impression que c’est donner du pouvoir, puis ça peut me faire peur, il me semble qu’un prof, non?

Sylvie : Tu as raison de dire que ça peut faire peur. Je pense que tout est dans l’équilibre, mais si on part vraiment des intérêts des élèves, on peut les amener — On connaît bien nos programmes-cadres à la base, comme pédagogues. En connaissant bien nos programmes-cadres, on sait où on veut se rendre avec nos élèves. C’est sûr que ce qui reste à faire vraiment, c’est de partir des intérêts des élèves, partir des petites choses qu’ils veulent initier, mais on va tous se rendre à la même place. Ils vont développer leurs compétences, on va y arriver en termes des apprentissages, mais l’élève n’arrive pas dans sa classe et décide tout.

En fait, c’est juste d’y laisser une voix, y laisser une place, puis que l’élève sente qu’il est écouté parce que, souvent, l’élève a de bonnes idées, et puis quand on fait germer ces idées-là, l’élève est engagé, puis un élève engagé, c’est un élève qui va vouloir apprendre, peu importe la méthode qu’on va prendre pour lui enseigner, il va vouloir être là, il va être allumé, puis tout ça. Tout est dans l’équilibre, mais ce n’est pas justement de dire que l’élève décide tout, mais bien de lui permettre d’initier des choses, de se réaliser dans ses apprentissages aussi.

Louis : J’imagine que, dans ton post, on peut appliquer ça avec les gens avec qui tu travailles?

Sylvie : Tout à fait.

Louis : Dans le sens de donner — Tu es directrice, donc, entre guillemets, tu es patronne, donc c’est de donner une voix, c’est de faire confiance, c’est donner de la place. J’imagine que ça s’applique aux adultes aussi?

Sylvie : Tout à fait. Quand on est directrice d’un service comme ça, c’est, un, d’être à l’écoute de ton personnel et, en même temps, on sait où on veut se rendre comme équipe. C’est de permettre à chaque personne de s’épanouir au niveau de l’équipe aussi, puis quand on permet aux gens de s’épanouir, on leur laisse cette place-là, et puis c’est incroyable les choses qu’ils peuvent réaliser.

Ce qu’il faut développer, c’est le questionnement parce que c’est le questionnement qui amène les gens à se développer, et puis, des fois, à se remettre en question ou à modifier certaines idées parce que, des fois, on pense qu’on s’en va dans une direction, mais juste la bonne question au bon moment fait en sorte que la personne ou ça sème, des fois, un petit doute, juste une petite remise en question, puis ça permet aux gens d’aller plus loin.

Louis : J’aimerais continuer, mais là, on est rendu à la question, je te donne un mot, et Sylvie Labrèche nous donne une phrase.

Sylvie : Parfait.

Louis : Je commence avec le premier mot, c’est lecture.

Sylvie : Lecture — Il y a tellement de mots qui me viennent en tête parce que c’est une passion pour moi. Je dirais passion, mais c’est drôle parce que c’est diversifié comme tant du roman policier, de l’intrigue policière, ou roman à la lecture pédagogique. Ça va partout.

Louis : Varié. On retient le mot varié, c’est ça?

Sylvie : C’est ça.

Louis : Si je te dis le mot en anglais, l’expression le back to basic, retour à la base, qu’est-ce que tu dis?

Sylvie : Je dirais rigueur.

Louis : Si je te dis le cœur?

Sylvie : L’élève.

Louis : Il faut que tu dises une phrase plus qu’un mot. [rires]

Sylvie : Pour moi, l’élève est au cœur de — Il y a ça qui venait en tête. En même temps, je me disais — C’est ça. On parlait de bienveillance tantôt, puis de bien-être. C’est l’élève qui me vient en tête.

Louis : Si je te disais curriculum?

Sylvie : Je dirais développement de compétences. On les voit les compétences transférables dans les nouveaux programmes-cadres qui ont été révisés. Il y a de belles choses. On parle d’intelligence socioémotionnelle. Pour moi, c’est de plus en plus — Encore, là, on pense à d’autres sphères de développement de l’enfant.

Louis : Les mots sont très variés. Si je te dis dîner à l’école.

Sylvie : Je dirais de bons souvenirs parce que, justement, moi, je dînais toujours à l’école, je prenais l’autobus, et puis les belles discussions avec des amis. Pour moi, c’est un bon moment à l’école passé entre amis.

Louis : Le dernier mot, c’est un mot que tu aurais aimé que je dise pour que tu réagisses.

Sylvie : [rires] Je ne sais pas — Mamie.

Louis : Mamie. Je te dis Mamie.

Sylvie : Oui, fière mamie de petits-enfants. C’est sûr que ça nous amène ailleurs dans notre vie. Quand on est grands-parents, c’est du gros bonheur. Il faut plugger ce mot-là à chaque discussion. Une fois qu’on est grands-parents, c’est sûr que ça fait partie d’une discussion.

Louis : Excellent. Quand on s’est rencontrés avant, tu m’avais parlé d’une ressource. Tu avais dit : « S’engager dans l’apprentissage en profondeur » Est-ce que tu peux me parler de cette ressource-là, s’il te plaît, un peu?

Sylvie : Oui. C’est une ressource que — Dans le fond, c’est notre conseillère tactique, qui est Hélène Lucas, qui est revenue d’une rencontre provinciale et qui nous en avait parlé. On en avait commandé quelques exemplaires, puis on a fini par en commander beaucoup plus parce que, quand on parle d’apprentissage en profondeur, c’est tout ce qu’on a parlé aujourd’hui, Louis.

C’est placer l’élève au cœur, développement de compétences, c’est de retourner à la base. Pour moi, cette ressource-là, c’est une ressource que j’épluche. J’ai rarement lu un livre aussi rapidement que ce livre-là parce qu’on s’éloignait de la philosophie, puis c’était beaucoup plus pratico-pratique. On donne des stratégies, on donne des trucs, des astuces. Pour moi, c’est vraiment un livre à lire.

Louis : On arrive à la conclusion de ce balado avec toi. Ma dernière question pour toi, c’est, en résumé ou en conclusion, qu’est-ce que tu voudrais ajouter?

Sylvie : Je dirais que, comme professionnelle, il faut rester allumé. Pour moi, c’était super important, dans ma carrière, de me lever chaque matin et d’être contente d’aller travailler. Je peux, en toute franchise, dire que c’est mission accomplie. J’ai toujours réussi à me lever le matin. J’ai la même passion que j’avais au départ. Je me dis : « Ça, pour moi, c’est vraiment important. » C’est d’avoir cette passion-là. Si on l’a moins bien, c’est de faire en sorte d’aller la chercher, de rester allumé et de rester engagé, passionné, parce que, si on veut être au service des autres, il faut vraiment être au service de soi. Je me dis que, la seule façon de l’être, c’est de nourrir cette passion-là.

Louis : On va reprendre ça parce qu’Internet a eu mal au ventre.

Sylvie : Oui, j’ai vu ça.

Louis : Il a fait un petit — On va reprendre cette question-là. C’est excellent comme réponse. Moi, j’ai un bel job, j’ai juste à penser aux questions. Je reprends la dernière avec la conviction. Sylvie, on est déjà rendus à la fin. Je te laisse les mots. En conclusion, qu’est-ce que tu pourrais en résumer aujourd’hui? Ton dernier message, ça serait quoi?

Sylvie : Mon dernier message, ça serait l’importance de la passion, d’aimer ce qu’on fait. Je dirais que, pour moi, c’était super important dans ma carrière de me lever le matin et être contente d’aller travailler. Je me dis que, tant qu’on a ça, on donne le meilleur de soi. Je me dis qu’il faut continuer à nourrir cette passion-là parce que ça ne se fait pas toute seule. Pour moi, je dirais, un message, de continuer à nourrir notre passion parce que, justement, pour être au service des autres, il faut vraiment être au service de soi en prenant soin de soi-même.

Louis : Moi, il ne me reste seulement qu’à te remercier pour cette conversation inspirante, remplie de passion, et je peux confirmer que c’est mission accomplie parce qu’on a déjà eu la chance de travailler ensemble et je le sais que tu es une passionnée et qu’il y a des étincelles dans les yeux quand on parle à Sylvie Labrèche de pédagogie ou d’autres sujets. Même moi, qui est aveugle, je les vois. C’est fascinant. Il me reste juste à te dire un grand merci.

Je tiens à mentionner à tout le monde que Sylvie ne l’a pas dit tantôt aux nouveaux, mais Sylvie a été animatrice du cours du PQD, le Programme de qualification pour direction pour l’ADFO pendant 10 ans, et puis qu’elle a fait un travail extraordinaire avec les nouvelles directions d’école. Sylvie, je te dis merci, puis à la prochaine!

Sylvie : Merci beaucoup, Louis!

[musique]

Louis : Pour avoir accès aux autres balados de la série, visitez le site Internet du Centre franco. Les balados sont répertoriés sous les onglets Nos formations : les Instituts du Centre franco et les Instituts 24/24. Enfin, il est toujours possible de communiquer avec nous en utilisant l’adresse courriel suivante : info@lecentrefranco.ca.

[musique]