Amanda Deneau

Balado avec Amanda Deneau


Amanda Deneau est consultante en éducation et entrepreneure dans le domaine des STIM. Elle travaille en éducation depuis plus de 15 ans. Parmi ses autres passions, en plus de l’innovation, il y a la musique et le sport. Elle est mère et entraîneuse, et consacre tout son temps libre à l’entraînement fonctionnel sportif (CrossFitMC).


Balado avec Amanda Deneau

Transcription

Présentateur : Bienvenue aux conversations pédagogiques avec des passionnés. Initiée par le Centre franco, cette série de rencontres nous présente des professionnels de l’Ontario français qui excellent en éducation.

[musique]

Louis Houle : Bonjour, tout le monde! Mon nom, c’est Louis Houle. Aujourd’hui, je suis très content de recevoir, lors de ce balado, une passionnée de pédagogie. Son nom : Amanda Deneau, une enseignante exceptionnelle dont j’ai le plaisir de connaître depuis quelques années au travers de différents projets qu’on a menés ensemble. Le balado aujourd’hui va parler d’elle, de sa pédagogie, de ce qui se passe dans sa classe. Puis, je commence par te dire, Amanda, bonjour et bienvenue.

Amanda Deneau : Bonjour, Louis! Comment ça va?

Louis : C’est la question classique. Comment ça va? Moi, ça va très bien, et puis, toi aussi?

Amanda : Oui, ça va très bien, merci. Je suis très contente d’être ici avec toi. Oui, on travaille ensemble depuis longtemps. Maintenant, je pense que ça fait depuis 2016 qu’on travaille ensemble.

Louis : On va commencer avec la première question. J’aimerais que tu me parles un petit peu de ton parcours professionnel.

Amanda : Ok. J’ai commencé à enseigner très jeune. J’ai toujours aimé être avec les enfants. J’ai enseigné la musique, la natation, j’ai entraîné des sports. Je l’ai fait depuis que j’étais un élève en secondaire. J’ai fait mon cours dans une salle de classe quand j’étais en 2ᵉ année. En 2008, je suis devenue enseignante à temps plein au jardin avec les tout-petits. Au cours de mes 16 années d’enseignement, j’ai enseigné la 7ᵉ et la 8ᵉ année majoritairement.

J’ai été aussi directrice adjointe, conseillère en mathématiques, conseillère en éducation, conseillère en innovation. J’ai beaucoup travaillé avec différentes compagnies, avec vous autres, avec [inintelligible 00:02:27], Forward EDU, OMI, FMO, Centre franco, plus différentes organisations, toutes en lien avec l’innovation et la pédagogie.

Louis : Le mot innovation, toi, là, tu appliques ça tous les jours chez vous.

Amanda : Oui, c’est ça. Parce qu’on est toujours en train d’innover, peu importe le sujet.

Louis : Mettons qu’on applique ça à tes élèves, puis on regarde. Ça voudrait dire quoi, pour toi, innover avec tes élèves?

Amanda : Cette année, c’est un peu différent que les années précédentes, mais mes élèves, pour innover, il faut leur faire penser eux-mêmes. Je sais que c’est la buzz word, c’est le seul mot clé qu’on utilise depuis longtemps, la pensée critique, la pensée créative et tout ça. Honnêtement, c’est tellement important cette année, je trouve que les élèves ont vraiment besoin de sortir un peu de leur zone de confort. En étant innovateur dans la classe, je pousse et je force que les élèves créent. C’est eux autres qui vont créer et ne pas juste écouter, répondre et répéter.

Louis : Est-ce que tu pourrais me donner un exemple de demander à tes élèves justement de créer?

Amanda : Oui.

Louis : Quand tu dis : « Je demande à mes élèves de créer. »

Amanda : On est toujours en train de créer, même si c’est juste quelque chose petit ou grand. On vient juste de terminer un projet, un genre d’ingénierie où ils ont fait une affiche interactive au sujet des sept enseignements sacrés. C’est eux qui ont dû créer quelque chose d’interactif pour montrer aux autres élèves dans l’école, c’est quoi les valeurs et les enseignements importants pour les peuples autochtones. C’est eux qui ont dû faire le design thinking, et puis, ont créé le plan.

Ils ont recueilli les matériaux, ils ont construit, ils ont optimisé, ils ont testé. Ça, c’est difficile pour eux. En commençant en 7ᵉ année, cette année. C’était un peu hors de leur zone de confort, et ça a pris un peu plus de temps que les années précédentes, mais, à la fin, ce qu’ils ont produit était incroyable. Mes élèves de l’année dernière sont venus voir les projets. Puis, tout le monde disait : « Waouh! C’est mieux que nous autres. », mais ça a pris deux fois le temps, par contre. Ils sont en train de créer.

Louis : Pour arriver à ce projet-là, est-ce qu’il y a des préparations générales? Comme, par exemple, je pense à– Est-ce que tu leur a montré certaines stratégies pour bien travailler en équipe? Ou encore des choses qu’on doit maîtriser pour favoriser justement– Parce que créer, oui, c’est facile, mais il y a peut-être des choses à faire avant d’arriver à ton projet comme tu parlais.

Amanda : Oui, ça a pris beaucoup de temps pour préparer parce qu’il fallait apprendre de manière explicite les valeurs, les sept enseignements sacrés. On a passé beaucoup de temps, quelques semaines avec des ressources, des vidéos, des recherches. Ils ont recueilli leurs informations sous forme de recherche. Ensuite, il fallait aussi passer à travers le processus d’ingénierie, toutes les étapes. On a fait des miniprojets chaque jour. On avait fait de petites choses de sciences.

Il fallait que les élèves les placent dans les étapes. Quelques semaines avant ce projet, oui, il fallait qu’on les prépare. Ils ont utilisé un outil qui s’appelle Makey Makey avec le codage. Il fallait prendre deux ou trois semaines à montrer les étapes pour ça. Avant de commencer le projet, la fiche interactive, je dirais qu’il y avait un mois et demi de travail avant ça pour préparer les élèves pour venir vers ce projet, pour créer. J’ai donné la base, on va dire.

Louis : Si je résume, en plus de leur donner certaines stratégies de travail ou autres, puis en plus de leur donner certaines connaissances, tu agis un peu comme une personne qui éveille pédagogiquement. Tu les réveilles, tu leur dis : « Ok– » Toi, tu sais l’intention, mais, au départ, on va essayer de brasser la soupe pour s’assurer que vous ayez tout ce que vous avez besoin, ou encore que vous puissiez créer justement, comme tu dis, là.

Amanda : Sinon, ça va être tellement long et ce ne sera pas un succès si on ne leur donne pas les outils avant. Ça, c’est juste le début, on a juste fait un projet. Là, pour les prochains qui s’en viennent, on donne d’autres ressources, d’autres matériels. Puis, aussi, ils peuvent voir qu’est-ce qu’ils ont fait et comment ils aimeraient optimiser la prochaine fois. J’ai posé la question à tout le monde, j’ai 5 classes, 125 élèves : « Est-ce que tu ferais les choses différemment la prochaine fois? Oui. » Ça, c’est juste le projet 1. C’est seulement le mois d’octobre qu’on a eu quand on l’avait terminé, mi-novembre. On a beaucoup de temps, ça, c’est juste le premier projet.

Louis : On se sert de ce projet-là comme la première marche pour le prochain projet, pour avancer. C’est ça que je comprends.

Amanda : Le but, c’est que, par le mois de juin, ils sont devenus les ingénieurs à leur plein potentiel. Ça, c’est comme le grand match. Parce qu’on a toute une année pour sciences. Avec le nouveau domaine de sciences, je les intègre avec les unités de structure et les autres domaines, le Steam. Le but, c’est par le mois de juin, je suis capable de dire qu’ils ont les connaissances, ingénierie et codage. C’est comme un sport, on ne va pas comme– On a le grand match, le grand tournoi, mais est-ce qu’on va penser le début de la saison quand ils ne savaient pas faire certaines choses. Le but, c’est que, par la fin de l’année, c’est là où ils sont rendus. On a beaucoup de temps. Je suis très impressionnée par le projet numéro 1. Comme j’ai dit, ça a pris plus de temps avec ce groupe d’élèves que ça a pris l’année dernière.

Louis : Peut-être qu’il fallait justement prendre plus de temps pour aller plus loin, finalement.

Amanda : C’est ça.

Louis : Dans tes expériences, est-ce que– Je vais te demander des exemples. Est-ce que tu vois que ça développe, par exemple, le goût des sciences?

Amanda : Oui, on vient juste d’avoir la soirée de parents la semaine dernière, et j’ai posé la même question à chaque famille. Pour commencer l’entrevue, j’ai dit : « Est-ce que ton enfant aime ce cours? » J’étais très surprise d’apprendre que presque tout le monde a répondu, c’est son cours préféré. Ils ou elles adorent les sciences cette année. Ça, c’était bien d’entendre parce qu’ils ont cinq cours, et puis c’est bien– Ça ne doit pas être leur préféré. Je n’ai pas posé cette question, j’ai dit : « Est-ce qu’ils aiment le cours? » Je ne cherchais pas que c’est le meilleur cours, mais je vais le prendre. Les élèves aiment utiliser leurs mains, c’est juste ils ont peur aussi. J’ai des élèves qui disent : « Je veux juste répondre à des questions. Donne-moi un test, et je suis à l’aise, là. Je ne veux pas aller plus loin. »

Louis : Oui?

Amanda : Oui. Beaucoup. Il y a certains, ça, c’est leur force. Ils veulent construire. Ils veulent faire tout ceci. Je dirais, c’est presque moitié moitié. On ne peut pas plaire à tout le monde. On doit aller chercher. Ce que je fais, je divise mes unités. Par exemple, on est dans une unité de structure, je vais faire trois semaines de théorie, ils vont avoir une évaluation traditionnelle parce que c’est comme ça que j’ai des élèves qui sont confortables. Ils doivent apprendre à écrire un test de toute façon.

Deuxième partie de structure, on fait un projet et on applique le design thinking. Chaque domaine, on va avoir le test traditionnel parce que j’ai des élèves qui veulent briller comme ça. Comme ça, je trouve que c’est juste pour tout le monde.

Louis : J’entends, puis je comprends ce que tu dis parce que la même chose m’est arrivé comme prof où est-ce que je demandais– Moi, c’était petit, c’était un défi scientifique pour moi. C’était, exemple, construire un parachute avec un œuf, puis faire descendre pour ne pas que l’œuf casse quand il arrive. Je me suis rendu compte, comme tu expliques très bien, qu’au départ tu avais des élèves qui étaient très anxieux, ils n’étaient pas habitués de travailler comme ça, d’avoir de l’initiative, leurs propres idées. Ils voulaient juste qu’on leur dise quoi faire concrètement. Quand tu leur dis : « Non, c’est toi qui décides. Essaye, puis tu verras. » Il y avait cet inconfort.

Au fur et à mesure que l’année progressait, qu’on avait d’autres projets, tout d’un coup, la confiance arrivait, puis tu voyais ces élèves-là qui, finalement, à la fin de l’année, comme tu dis, ils étaient contents. Moi, j’avais la chance d’être leur prof pendant deux ans, en 7e et en 8e année. On voyait bien des choses absolument extraordinaires chez la plupart des élèves parce qu’ils savaient maintenant que– C’est peut-être ça aussi– Je te pose la question, là, est-ce que tu penses que c’est ça, finalement, de façon simpliste, donner la voix ou donner le pouvoir aux élèves?

Amanda : Oui, mais comme j’ai dit, ça fait peur à certains. Ils veulent juste s’asseoir, écouter, puis répondre. Donner du pouvoir, je fais ceci doucement cette année. On va dire des baby steps avec cette cohorte.

Louis : Oui, de petites étapes.

Amanda : Oui, parce que les élèves de 7e année, cette année, on voit un peu une différence comparé à des années précédentes avec leurs habiletés. Il faut faire des choses lentement. Je sais que, peut-être, la COVID a eu un impact sur certains élèves avec certains âges, donc on a besoin de ne pas aller trop vite parce qu’on ne veut pas les perdre non plus.

Louis : C’est sûr, s’adapter à son groupe, finalement. Parce que je sais que toi, la technologie, c’est super important. C’est quoi la place de la technologie dans ta classe?

Amanda : Présentement, c’est vraiment moitié moitié. J’utilise toujours le Chromebook comme j’avais fait dans le passé. Toutes mes choses sont à Google Classroom. Je ne trouve pas nécessaire de faire des photocopies pour donner à mes élèves. C’est un gaspillage de papier. Tout est affiché en ligne, mais j’encourage toujours que les élèves écrivent à la main des notes ou s’ils veulent faire des choses à la main, ils peuvent me le rendre. Ça, c’est correct, mais tout ce que je veux leur donner, ils peuvent le voir à Google Classroom et en ligne. La technologie pour ça, ça reste constant.

Mes choses, mes petits bébelles, mes robots, tu sais que je suis quelqu’un qui utilise tous les outils, les LEGO Mindstorms, les LEGO SPIKE Prime, des micro:bits, Makey Makey. J’ai des trousses d’action climatique, des robots partout. Cette année, j’ai juste commencé doucement avec ça parce que leur compétence est un peu minimale ou ils n’ont pas vu ça. Beaucoup n’ont pas vu avant. Je vais continuer. Mon plan, c’est qu’on va tout faire que j’ai fait l’année dernière, les imprimantes 3D et tout. Sauf que je vois que l’attention des élèves est très difficile de garder. Dans le passé, en utilisant mes robots, j’étais un showstopper. Ça, c’était comme, et là, je les avais pognés plus comme ça.

Louis : Attends une minute. Il faut que tu m’expliques c’est quoi un showstopper?

Amanda : Quand je sors mon robot ou mon LEGO, quelque chose cool comme ça, je les ai pognés l’attention sur moi. Ils voulaient tout faire. Ce n’est plus comme ça maintenant. Leur attention, comme ils voient mes petites bébelles, ils font : « Ah,ok. Je ne sais pas. » Par exemple. J’avais l’habitude de faire sauter les élèves avec LEGO ou quoi. Ils sont littéralement en train de faire des choses comme : « Ah. Oui, j’ai ça à la maison, je l’ai fait. » Ils ont besoin de plus maintenant parce qu’ils vivent dans un monde où la durée d’attention est courte, et je dois être vraiment on pour être capable de les captiver. Mes petits gadgets ne sont plus magiques pour eux autres.

C’est la façon dont je livre maintenant mes leçons. C’est moi qui dois leur prendre l’attention. Pas comme avant, ce n’était pas comme ça. Ils voient ça, mais ils ne sont plus impressionnés parce que c’est tout partout. Ils les ont, ils ont vu. La technologie, pour moi, je dois vraiment associer la technologie, mais c’est comment je l’intègre dans la conversation et la leçon.

Louis : Le mot magique, c’est intégrer la technologie de façon, entre guillemets, normale. C’est dans ce sens qu’on ne fait plus un gros spectacle avec ça. C’est un outil comme on utiliserait une scie pour scier un morceau de bois. On ne met pas l’accent sur la super belle scie qu’on vient d’amener dans la classe pour couper. Non. C’est un outil. C’est ce qu’on va faire avec qui est plus important que ce qu’on utilise pour justement arriver à la fin.

Amanda : C’est devenu la norme. C’est ça.

Louis : J’en profite justement pour te poser la question parce que tu as enseigné à des élèves cette année de 7e année, comment tu gères, dans ta classe, le téléphone cellulaire?

Amanda : En 7e année, les règlements, ici, en 7e et en 8e, ils n’ont pas le droit à leurs appareils parce qu’on a un Chromebook pour chaque élève. On a un conseil un à un. D’abord, le cellulaire, ça reste dans son sac. C’est sûr, de temps en temps, on pogne des élèves qui essaient de tricher ou quoi. Ils le gardent dans la poche, mais ce n’est pas mal commun que quelqu’un va le dire. Ce n’est pas un problème. Ils ne les ont pas dans ma classe, puis ils n’ont pas besoin parce que je me sens, nous sommes tous dépendants de cet appareil. Je ne sais pas pourquoi qu’on en a besoin dans la salle de classe.

Ce n’est pas un outil où ils vont l’utiliser pour une ressource pédagogique. Peut-être, je vais dire 10 %, ils vont faire ce qu’on demande : « Filme ça. Recherche ça. » C’est sûr, mais on sait que 80 % du temps, ils vont juste regarder leurs notifications parce qu’on le fait, les adultes. C’est une distraction, ce n’est pas un outil pédagogique. On dit non parce qu’ils ont un Chromebook. Ils ont une vidéo, ils peuvent se filmer avec le Chromebook. Ils peuvent tout faire.

Louis : Comme tu dis. J’en profite aussi pour te poser la question et trois petits points. L’intelligence artificielle, est-ce qu’on l’utilise? Je sais qu’il y a des règles 13 ans et moins, mais toi, comme enseignante, c’est quoi ta vision? Est-ce que tu l’utilises? Où est-ce qu’on est rendus dans ta classe avec ça?

Amanda : Je pense que c’est formidable parce que c’est comme quand on a sorti avec une calculatrice, puis tout le monde a capoté, puis comment est-ce que les personnes vont penser? Ça va juste dépendre de comment tu formules tes questions. Comment est-ce que tu évalues? Comment est-ce que tu gères tes questions? Je n’enseigne pas les langues, je n’enseigne pas l’écriture. Moi, j’enseigne les sciences et je veux que les élèves me communiquent une réponse pour qu’ils puissent expliquer les processus de sciences. Pour moi, ils vont taper ou ils vont se filmer.

Ils vont me répondre à l’oral, ils vont se filmer, mais tout est très explicite et tout est vraiment en lien avec quelque chose que l’intelligence artificielle ne peut pas recréer. Ce n’est pas eux autres qui ont construit ceci, c’est très personnalisé. Comment tu vas formuler tes questions et t’assurer que c’est vraiment la pensée de l’élève? Ça, c’est la responsabilité de l’enseignant. C’est comment tu vas faire que, s’ils utilisent une calculatrice, mais tu veux savoir qui connaît quoi. Peut-être pour un test de multiplication, ils vont juste faire à la main sans outil. Pour moi, j’ai beaucoup aimé cette année, on se filme.

J’ai acheté des microphones qu’ils peuvent mettre sur leur chandail ici devant un green screen et ils répondent beaucoup à l’oral, puis on va vraiment savoir ce qu’ils pensent. Pour moi, est-ce qu’ils peuvent l’utiliser? Certainement. S’ils vont faire des recherches, puis ils cherchent certaines choses, je vais le savoir que l’élève ne l’a pas écrit, c’est évident. Je ne vais rien bloquer. On va juste prendre ça, puis on va aller plus loin. Je sais qu’il y a des outils qui fait que ça va faire les leçons pour les enseignants. Parfait, ça me sauve beaucoup de temps. Je ne suis pas une chercheuse, mais je peux livrer ça meilleur que n’importe qui. On a besoin de faire l’emphase.

Qu’est-ce qu’on cherche de l’élève? Si la réponse est que je cherche la grammaire et la manière dont il ou elle va formuler la phrase, fais-le à la main avec un papier. Ce n’est pas difficile. Il y a beaucoup qui ont peur.

Louis : Ce que j’entends de ce que tu dis, c’est dans la question, le défi que je veux poser à mes élèves, qui fait en sorte que l’intelligence artificielle ou la technologie– Tu parlais de ton micro que les élèves utilisent. On va tous utiliser ça pour arriver à notre fin. La question que je pose fait en sorte que la calculatrice ou l’ordi ou l’intelligence artificielle ne peut pas répondre. C’est ce que je comprends.

Amanda : Ça doit être personnalisé.

Louis : Excellent. Excellent dans le sens que j’apprends beaucoup, là. Pas excellent pour dire que c’est la bonne réponse, non. On est déjà rendus, imagine-toi, à la partie qui s’appelle « Un outil à partager ». Si je te disais un outil que tu aimerais partager à tes collègues enseignants, enseignantes, ça serait quoi?

Amanda : C’est certainement le livre Teach Like a Pirate. Parce que, honnêtement, je dois venir ici à l’école chaque jour sur mon A game, comme une actrice. Je dois capter l’attention des élèves, et ça devient de plus en plus difficile. Quand j’ai entendu, j’ai écouté la Radio Book, ça fait longtemps, peut-être il y a 10 ans, ça m’a vraiment fait : « Ça, c’est moi. » Parce que je veux que les élèves veulent venir à la classe. Qu’est-ce que je peux faire?

Il l’avait dit : « C’est un show que tu vas vendre des billets à la porte. Il faut mettre un show quand ils arrivent. Parce que là, maintenant, la technologie ne les impressionne plus, le sujet ne les intéresse plus. Ils sont intéressés à eux-mêmes et leurs amis. » Il faut faire en sorte que, quand ils rentrent, ils veulent faire l’activité. Ça, c’est tough. Teach Like a Pirate était une ressource qui m’a vraiment inspirée. C’est de la personnalité. Même si tu n’es pas dans une bonne humeur, il faut faire l’actrice et faire le show chaque jour. On est toujours on. C’est tough, c’est difficile.

Louis : En même temps, ce que j’entends de ce que tu me dis, c’est que, oui, souvent, c’est toi qui fais le spectacle. Dans ta classe, c’est surtout les élèves qui le font parce que tu leur donnes des défis. Tu leur dis : « C’est de façon différente. » et cetera. Finalement, le show, c’est eux autres qui le font aussi.

Amanda : C’est sûr. Je me sens comme, je ne sais pas comment l’expliquer, mais un peu comme talk show host. C’est moi qui est l’hôtesse, et je leur mets dans leurs choses, puis je les reprends. Je contrôle une émission de télévision des fois.

Louis : Tu es l’animatrice d’une émission de télé.

Amanda : Exact.

Louis : Puis, on reçoit les invités qui sont les élèves.

Amanda : Cinq fois par jour.

Louis : Tous les jours, exactement.

Amanda : Tous les jours.

Louis : Là, maintenant, si je te dis un mot, puis tu me dis une phrase après. Juste une phrase. Par exemple, si je te dis design thinking, la pensée design?

Amanda : Un processus où tu commences avec rien et tu t’emmènes avec excellence.

Louis : Si je te dis : élève en difficulté?

Amanda : Il faut tout adapter pour que l’élève n’est plus en difficulté.

Louis : Si je te dis : ton prochain défi?

Amanda : Cela veut dire que le défi avant est acquis, donc on a besoin de trouver un autre.

Louis : Un rêve que tu as comme prof de sciences?

Amanda : De l’équipement qui fonctionne en tout temps et des moyennes de classe qui ne sont pas 26, 27, 28, 29. Ça, ça serait un rêve.

Louis : Si je te dis : toi, la musicienne à l’école ou dans ta classe, tu dis quoi?

Amanda : La musique inspire. Au moins, pour moi, la musique vit dans moi. Lorsque les élèves sont en activité, j’ai une liste de lecture dans Spotify déjà faite pour diverses situations. Si on veut qu’ils travaillent vite, on a des musiques qui va plus vite. J’utilise la musique dans la salle de classe parce que ça fait le mood. C’est plus qu’une phrase.

Louis : La musique crée l’atmosphère ou crée les conditions autour.

Amanda : Absolument.

Louis : À titre de conclusion, Amanda. On vient de discuter ensemble de pédagogie dans ta classe. On vient de discuter du prof de sciences, du goût que tu donnes à tes élèves de la science, d’être des ingénieurs, de construire cette ingénierie chez chacun et chacune de tes élèves. Si tu avais à conclure aujourd’hui, puis à résumer notre conversation, qu’est-ce que tu dirais?

Amanda : Si j’étais pour tout résumer, il faut absolument avoir de la patience et ne pas lâcher. Ça peut devenir difficile avec certains élèves, avec différentes générations. Avec la génération où la technologie est partout, l’innovation est partout, ça peut devenir difficile, mais ne pas lâcher. Ici, on enseigne une place d’amour, ici, on enseigne une place d’énergie et on inspire, eux autres, ils vont nous suivre.

Louis : Amanda, il me reste seulement à te remercier pour cette conversation qu’on a eue ensemble. Je dis que, si j’avais des enfants d’âge scolaire, j’aimerais que tu sois leur enseignante de sciences parce que j’ai l’impression que tout le monde dans ta classe, à la fin de l’année, ils vont avoir le goût des sciences. Ça, c’est absolument fabuleux. Je voudrais te remercier. À tout le monde, je voudrais dire qu’Amanda Deneau fait plein de choses dans sa vie professionnelle. Entre autres, elle offre à peu près souvent pour le Centre franco des formations au niveau des instituts et autres. Je vous invite à la suivre et à écouter des enregistrements des formations qu’elle a offertes au Centre franco. C’était aujourd’hui la rencontre avec Amanda Deneau, une passionnée de pédagogie.

[musique]

Présentateur : Pour entendre d’autres conversations pédagogiques avec des passionnés, visitez le site Internet du Centre franco. Ces conversations sont répertoriées sous l’onglet « Nos formations », « Les instituts du Centre franco », « Les instituts 24/24. » Enfin, nous vous rappelons que, pour plus d’informations, vous pouvez communiquer avec nous au Centre franco à l’adresse courriel suivante : info@lecentrefranco.ca.

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