
À la rencontre de Marie-Ève Richer – pour l’apprentissage de la lecture!
Épisode 16
Gestionnaire du projet de lecture provincial au Consortium Centre Jules-Léger, Marie-Ève Richer cumule plusieurs années d’expérience en enseignement comme enseignante titulaire, enseignante auprès des élèves ayant des besoins particuliers ainsi qu’enseignante en affectation spéciale au Conseil des écoles catholiques du Centre-Est. Passionnée de pédagogie et soucieuse de s’améliorer constamment, elle ne rate aucune occasion de parfaire ses connaissances relatives aux stratégies à haut rendement et à la littératie. Elle est également une fervente de la littérature jeunesse et des bienfaits qu’a celle-ci sur l’engagement des élèves et leur motivation.
Le Centre franco est sur Spotify!
Écoutez le balado d’Annick Morin en cliquant sur la première partie et/ou la deuxième partie. Abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode!
1re partie du balado
Marie-Ève Richer : Pourquoi la littérature jeunesse? C’est une bonne question, mais c’est surtout que c’est en lien avec la littératie. C’est qu’à partir d’un album jeunesse, à partir d’un roman, d’un livre, on est vraiment à la découverte d’un monde infini. Il y a tellement d’éléments qui se cachent derrière la littérature jeunesse. C’est aussi un dispositif, un outil qu’on peut utiliser en salle de classe pour engager et motiver les élèves.
[musique]
Louis Houle : Bienvenue aux Conversations pédagogiques avec des passionnés. Initiée par le Centre franco, cette série de balados nous présente des professionnels qui excellent en éducation. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de retrouver Marie-Ève Richer, une pédagogue passionnée de littératie. Après avoir complété ses études à l’Université d’Ottawa, Marie-Ève a consacré 15 ans à l’enseignement, d’abord au primaire, puis comme enseignante-ressource avant de rejoindre le service de soutien à l’apprentissage du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, dans l’est de l’Ontario. Aujourd’hui, elle est gestionnaire du projet de lecture provinciale en Ontario. Retrouvons ensemble Marie-Ève Richer.
[musique]
Aujourd’hui, je suis très heureux d’accueillir Marie-Ève Richer, une passionnée de pédagogie. J’y vais tout de suite, Marie-Ève, avec la première question : justement, parle-moi d’une de tes passions.
Marie-Ève : Merci, Louis, pour cette question qui est quand même un grand défi, surtout en début de conversation comme ça, parce que trouver une passion, je n’en ai pas seulement une passion. Je vais commencer avec la plus importante, dans le fond, celle qui me permet de diriger, qui permet de suivre tout ce qui est en lien. Ensuite, ce qui me motive au niveau de la pédagogie, c’est la littérature jeunesse. Lorsqu’on me parle de littérature jeunesse, c’est fini, on a un sujet de conversation.
Louis : Voilà, c’est parti. C’est ça? [rires]
Marie-Ève : Oui, c’est ça. [rires] Pourquoi la littérature jeunesse? C’est une bonne question, mais c’est surtout que c’est en lien avec la littératie, puis c’est qu’à partir d’un album jeunesse, à partir d’un roman, d’un livre, on est vraiment à la découverte d’un monde infini. Il y a tellement d’éléments qui se cachent derrière la littérature jeunesse. C’est aussi un dispositif, un outil qu’on peut utiliser en salle de classe pour engager et motiver les élèves. C’est vraiment un outil qui est puissant.
Louis : Okay. Quand tu étais enfant– Parle-moi justement d’un livre qui t’a accrochée, qui t’a passionnée au niveau de la lecture, quand tu étais élève, enfant. Ça serait lequel?
Marie-Ève : Enfant, c’est la collection des Baby-Sitters. C’est certain que ça, c’était ma passion. J’ai lu toute la collection. À ce moment-là, c’était sous forme de petits romans à chapitres. Même, en lisant cette collection-là, moi et mes amies à l’école élémentaire, on avait commencé notre club de baby-sitters. On était très très motivées et engagées. On se rencontrait en petites gangs d’amies, puis on préparait une publicité pour aller aussi, nous, faire comme le club et offrir nos services de gardiennage dans notre petite communauté.
Louis : À l’école, est-ce que tu te souviens d’une personne ou des personnes qui ont influencé justement ce goût de la lecture?
Marie-Ève : De la lecture de la littérature jeunesse?
Louis : Ou de la littérature jeunesse, oui.
Marie-Ève : Oui, définitivement. C’est surtout, je crois, au fil des années. Peut-être plus au secondaire. C’est certain qu’au secondaire on a l’étude de romans qui sont prescrits, mais on a aussi des enseignants qui sont là pour nous transmettre cette passion de la lecture à l’extérieur, autre que des études de livres à étudier. C’est à ce moment-là où j’ai eu la chance d’avoir un enseignant qui m’a vraiment transmis ce goût de la lecture-là en partageant d’autres œuvres littéraires pour vraiment répondre à mes besoins, à mes goûts.
Louis : Justement, tu arrives à ma prochaine question parce qu’on sait que ça ne fait pas très longtemps, on a un programme-cadre en français qui est renouvelé, et qu’il y a des changements. Comment est-ce que tu perçois ces changements-là au niveau de l’enseignement de la littératie en classe aujourd’hui?
Marie-Ève : Oui, définitivement que l’on est chanceux. On a eu la chance d’avoir un nouveau programme-cadre qui a été publié en juin 2023. C’est quand même une belle année qui vient de se dérouler. C’est un beau programme-cadre dans lequel il y a des changements, donc on n’a pas le choix en tant qu’enseignant de revisiter le programme-cadre, puis de s’adapter, de faire des changements dans notre façon d’enseigner.
Je crois que l’élément le plus important, c’est au niveau de l’enseignement explicite et systématique des notions fondamentales de la lecture. Un bel ajout qui va venir appuyer nos élèves à l’élémentaire dans leur apprentissage de la lecture. Il y a aussi un domaine au préalable, avant. Lorsque moi, j’étais en salle de classe en tant qu’enseignante titulaire, où je devais enseigner la matière du français, on avait trois domaines : la lecture, l’écriture, la communication orale.
Louis : Oui, je me souviens.
Marie-Ève : Souvent, moi aussi, j’ai enseigné de cette façon, on enseignait un temps pour la lecture, ensuite l’écriture et la communication orale, mais de façon séparée, en silos–
Louis : Oui, je me souviens très bien d’avoir fait ça.
Marie-Ève : –tandis que, cette fois-ci, avec le nouveau programme-cadre, on nous propose vraiment une interrelation entre les domaines. On a le domaine A, où l’on doit appliquer l’enseignement des sept compétences transférables, mais à l’intérieur de nos autres domaines, donc les domaines B, C et D. Là, on a vraiment une interrelation. On enseigne la lecture, l’écriture, mais, au même moment, et la communication orale. On part vraiment d’une intention de communication.
Les changements majeurs ne sont pas nécessairement dans les contenus d’apprentissage. La matière est la même, le contenu est le même, c’est la façon que l’on va transmettre la matière qui doit changer pour devenir plus authentique et significative pour les élèves.
Louis : Parce que j’imagine que, si c’est– tu as dit le mot magique, authentique pour les élèves. Ils vont être plus engagés. Ils vont être plus portés, entre guillemets, à travailler plus fort ou, en tout cas, peut-être à s’intéresser un peu plus. Comment est-ce qu’on fait ça quand notre pauvre élève est tiraillé entre son téléphone ou encore entre ses amis? Plein de facteurs qui font en sorte que, comme personne enseignante, tu as un gros défi parce que tu es en compétition si tu veux juste attirer son attention. Comment est-ce qu’on fait ça?
Marie-Ève : Définitivement que c’est une bonne question. C’est un gros défi. En salle de classe, j’ai la chance de communiquer souvent avec les enseignants, puis le défi, c’est vraiment d’avoir, de garder l’attention des élèves parce qu’il y a quand même une assez grosse compétition avec les réseaux sociaux et tout ce qui est à l’extérieur de la salle de classe. Je crois que ce qui est l’élément qu’on a mentionné, c’est vraiment le contexte authentique et significatif.
Si l’on prend le temps de bien connaître nos élèves dès le début de l’année scolaire, de connaître leurs intérêts, de connaître aussi ce qui les engage, ce qui les motive en salle de classe, les sujets de conversation, si l’on sait où ils sont rendus aussi au niveau de leur développement à eux pour aller chercher leur zone proximale de développement, on va être en mesure de partir d’un projet, d’une situation qui est authentique. Ça pourrait être une situation de communication où l’on va leur demander par la suite, à partir d’une grande idée, un projet qui répond à leurs intérêts. On va être en mesure ensuite d’aller chercher leur engagement et leur motivation. Je suis en train de faire un lien avec la question précédente, d’où on met vraiment l’importance sur la littérature jeunesse.
Louis : C’est super intéressant ce que tu dis, ça me fait réfléchir. Dans ma tête, je me retrouve jeune enseignant qui débute. J’ai l’impression, puis j’espère que tu ne vas pas être d’accord avec moi, que c’est un métier impossible d’être une personne enseignante parce que, quand on arrive, il faut connaître le curriculum, il faut avoir des stratégies pédagogiques innovantes, adaptées, reliées à son milieu, il faut une gestion de classe hors pair et tout ça dans un contexte : tu es professeur de quatrième année, tu as je ne sais plus combien de matière et tout, combien de curriculums. Quels seraient les conseils que tu donnerais à un jeune Louis, comme moi, qui débute sa carrière, qui arrive, première année, première fois devant sa classe? Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil?
Marie-Ève : Oui, comme conseil, c’est certain que je crois– Tout ce que tu as mentionné, dans le fond, Louis, c’est probablement des questions que tout enseignant se pose, que même moi, retourner en salle de classe, je me poserais. La façon que tu as formulé tes questions, c’est vraiment redirigé vers toi, puis je pense que c’est là où il faut penser autrement. Il faut vraiment approcher l’enseignement, mais en équipe, donc utiliser les gens qui sont autour de nous. On travaille, on est une équipe.
On parle beaucoup des communautés d’apprentissage professionnelles dans les écoles, les rencontres CAP à des moments précis où l’on a des objectifs précis en tête. Aussi, je crois qu’un élément clé qu’il nous faut retenir à l’intérieur de cette question-là, c’est qu’il faut s’entourer de gens autour de nous. On n’est pas seul dans notre salle de classe. On est entouré d’experts qui ont la même intention que nous.
Dans le monde de l’éducation, tous les enseignants, on a vraiment l’intention, c’est de répondre aux besoins de l’élève. On veut vraiment cheminer avec lui pour qu’il soit en mesure d’apprendre. Si l’on modifie un peu notre façon de penser, puis que l’on attaque ce défi-là, comme tu l’as mentionné, mais en ayant l’intention de travailler en équipe, je crois qu’à ce moment-là on est beaucoup plus fort. C’est vraiment une des pratiques à haut rendement aussi qui est encouragée, qui est ciblée, l’efficacité collective. En s’entourant de gens autour de nous, en réfléchissant en équipe, en ayant des discussions, c’est là que l’on va être en mesure de trouver des solutions, puis d’accompagner les élèves de notre salle de classe selon leurs besoins.
Louis : J’imagine que toi, jeune enseignante, quand tu as débuté, tu avais des gens incroyables autour de toi. Est-ce que tu te souviens ce que ça t’a apporté, ça, au départ? Parce que j’imagine que tu avais des mentors, tu avais des collègues ou tu avais de la famille ou je ne sais pas qui. Est-ce que tu te souviens ce que ça t’a apporté? Parce que, c’est ça, ça m’intéresse.
Marie-Ève : Oui, définitivement que se lier d’amitié, d’apprendre à connaître les gens avec qui on travaille, c’est très gagnant parce que ça nous donne la chance de pouvoir en apprendre davantage, mais aussi de trouver des solutions. Parfois, on peut communiquer avec un collègue. Le collègue n’a pas nécessairement besoin d’arriver avec des solutions, mais juste d’être là pour être à l’écoute.
Moi, dans mes premières années d’enseignement, c’était surtout ça que je recherchais. C’était d’avoir quelqu’un qui puisse être là avec toi, mais qui est à l’écoute. Souvent, sans proposer de solution, on peut être à l’écoute et rediriger les questions, puis la personne elle-même va être en mesure de trouver ses propres solutions. Ça, c’est très très gagnant.
Les enseignants en ressources, les enseignants à l’ALF-PANA qui accompagnent sont souvent aussi d’une grande aide parce qu’ils ont un bagage d’expériences qui nous permet aussi de répondre à des besoins particuliers que l’on vit en salle de classe. Pour moi, ça a toujours été une solution gagnante de me tourner vers mes collègues de travail pour être en mesure de m’appuyer moi-même aussi en salle de classe.
Louis : Ce que j’entends de ce que tu dis, si je deviens un appui pour une personne, il va être plus important de proposer des questions que des réponses, c’est ça?
Marie-Ève : Je pense que ça, c’est une question– Il n’y a pas de réponse noire ou blanche avec ça, il y a toujours une nuance. C’est une zone grise. Ça dépend probablement de la personne qui vient te questionner.
Parfois, la personne va chercher des conseils, donc c’est aussi l’art d’être à l’écoute, puis d’être en mesure de savoir ce que l’autre veut aussi parce que la personne qui vient discuter avec toi, elle n’est peut-être pas consciente de ce qu’elle a besoin : est-ce que ce sont des solutions ou de quelqu’un qui veut être à l’écoute? Parfois, aussi, c’est l’art d’être à l’écoute, puis de savoir c’est quand que l’on doit intervenir ou pas, proposer des solutions, mais, souvent, c’est de l’écoute que l’on a besoin dans le monde de l’éducation.
Louis : D’être capable de saisir le contexte aussi, d’écouter la personne dans : « Voici ce qu’elle me dit, voici le contexte. Voici potentiellement, pour la faire cheminer, ce que je pourrais dire. » Comme tu dis, des fois, c’est un conseil ou, des fois, c’est une question parce que le but, c’est quand elle va partir de notre discussion, qu’elle soit plus riche qu’elle ne l’était avant qu’elle arrive. C’est ça que je comprends.
Marie-Ève : Définitivement, mais ça pourrait dépendre de l’intention de la personne qui est venue nous questionner. Moi, dans mon rôle, j’ai été enseignante en affectation spéciale au CECCE pendant 5 ans, au niveau de l’équipe de la littératie. C’est certain que, selon le chapeau, souvent les enseignants me posaient des questions particulières en lien avec des approches, des pratiques à haut rendement en lien avec la littératie. À ce moment-là, on cherche souvent des solutions. On peut proposer des solutions, mais c’est important d’être à l’écoute de l’autre pour savoir ce que cette personne recherche.
Louis : Est-ce que, des fois, il y a un manque de connaissances aussi? Dans ton rôle d’accompagnatrice, est-ce que c’est quelque chose que l’on voit souvent au niveau de la littératie, où ce n’est pas que l’on a besoin d’une nouvelle stratégie, mais que, des fois, il y a un manque de connaissances?
Marie-Ève : Oui, le choix des mots « manque de connaissances », c’est peut-être que– Il faut s’entendre ici que le rôle de l’enseignant est grandiose. J’irai jusqu’à ce mot-là parce qu’il y a énormément d’éléments à prendre en considération. Si moi, j’arrive avec mon chapeau Littératie, c’est certain que j’arrive avec un bagage d’expériences, mais aussi, j’ai eu la chance de me spécialiser, puis d’aller faire des lectures en lien avec la littératie, d’être à l’affût des recherches et aussi d’être à l’affût de nouvelles stratégies. Tandis que l’enseignant en salle de classe n’a pas toujours le temps ou cette occasion-là d’aller faire ces recherches-là.
C’est pour ça que c’est tellement important de s’entourer de gens pour différentes raisons : pour aller chercher un collègue qui va être à l’écoute, mais aussi aller chercher des collègues qui vont pouvoir te transmettre, te partager ces connaissances-là parce que c’est impossible pour l’enseignant– Je suis consciente que le mot impossible est gros, mais c’est un énorme défi pour l’enseignant d’être à l’affût de tout ce qui est un lien avec la théorie, les matières enseignées et d’être aussi un enseignant qui est bienveillant, le développement de l’enfant, d’être à l’affût de– D’offrir aussi l’occasion aux élèves de sa salle de classe de se sentir bien en salle de classe.
Il y a énormément de différentes avenues pour l’enseignant. Si lui peut être épaulé d’un enseignant qui a une certaine connaissance dans un domaine, c’est merveilleux pour lui. En tant qu’enseignante en affectation spéciale ou conseillère pédagogique, on a l’opportunité, l’occasion d’être à l’affût de ces pratiques pédagogiques-là. C’est un incontournable pour nous de les appuyer.
Louis : Pendant que tu parles, j’ai l’image dans ma tête, c’est comme si l’on voulait construire une maison. Je peux la construire toute seule, ma maison, mais si j’invite une équipe ou si j’ai des amis, une famille, des collègues qui viennent m’aider, je ne suis pas obligé d’être spécialiste en tout et de connaître tout parce qu’il y a probablement quelqu’un dans l’équipe qui a cette compétence. Ça va prendre moins de temps, probablement qu’elle va être mieux construite, et je vais réussir ma mission. Je ne suis pas obligé d’avoir toutes les réponses.
J’ai cette image-là dans ma tête parce que je trouve qu’à quelques reprises, depuis que l’on discute ensemble, tu nous dis : « La force de bien s’entourer, la force d’avoir des collègues. » On a aussi l’image que, dans ma classe, c’est moi le maître. Je ferme la porte, puis voilà. C’est peut-être ça, mais si j’ouvre ma porte, puis j’accueille et j’ose – c’est quoi l’adjectif que l’on pourrait dire? – aller vers l’autre, je vais sortir gagnant de ça, ou gagnante.
Marie-Ève : Définitivement. J’apprécie l’analogie que tu fais en lien avec la construction d’une maison. Il faut avoir une base solide, une fondation solide. Il y a énormément de gens qui travaillent à la construction. On va aller chercher tous les spécialistes nécessaires pour être en mesure d’avoir une construction qui va être solide et aussi qui va répondre aux besoins de la personne qui fait la demande de cette construction-là. C’est un peu la même chose au niveau de l’enseignement. Il faut vraiment s’entourer des personnes qui ont les compétences et les spécialités aussi pour être en mesure d’accompagner, de répondre aux besoins de tous les élèves dans notre salle de classe.
Louis : Est-ce que tu pourrais me donner certaines stratégies pour être à l’affût? Moi, j’aime beaucoup l’expression « Être en avant de la parade ». Qu’est-ce que tu fais, toi, pour rester à l’affût dans ton domaine? Je sais que tu as parlé de faire des lectures, et cetera. Est-ce qu’il y a d’autres stratégies que l’on peut faire?
Marie-Ève : Définitivement que l’on a aussi la possibilité de participer à des congrès, des colloques au niveau– Moi, plus précisément, c’est certain que les colloques, congrès en matière de littératie, sont très pertinents dans mon rôle. J’apprécie énormément participer à ces événements-là. C’est un événement où l’on a la chance d’être à l’affût des plus récentes recherches et de rencontrer souvent des experts en la matière. Aussi, c’est une opportunité de créer des réseautages. Encore une fois, on parle de réseau, l’importance de s’entourer de gens, de réfléchir, de discuter ensemble. C’est toujours très gagnant.
Louis : J’écoute ça, puis je me dis, si l’on va plus– Là, on va creuser un petit peu plus, puis on va aller au niveau de la littératie, dans notre contexte à nous, Franco-Ontariens, minoritaires, est-ce que l’on a des stratégies qui sont différentes ou certaines stratégies où est-ce que l’on devrait mettre l’accent à cause du contexte dans lequel on travaille?
[musique]
Pour écouter la suite de ce balado ou encore pour découvrir les autres épisodes, visitez le site Internet du Centre franco sur Instituts, sur l’onglet Formation. Vous pouvez aussi les retrouver sur Spotify et sur baladopedago.com, un site qui propose une riche sélection de balados éducatifs en français. Enfin, pour découvrir l’ensemble de nos nouveautés, inscrivez-vous à notre infolettre, consultez nos réseaux sociaux ou visitez lecentrefranco.ca.
[musique]
2e partie du balado
Marie-Ève Richer : Il ne faut pas sous-estimer l’ampleur et l’importance d’avoir des approches pour permettre à nos élèves, peu importe la langue qu’ils parlent, peu importe leur diversité, de vraiment mettre en valeur cette diversité-là, ces différentes langues-là pour qu’ils puissent se servir de leur langue maternelle comme levier pour l’apprentissage du français.
[musique]
Louis Houle : Bienvenue aux Conversations pédagogiques avec des passionnés. Initiée par le Centre franco, cette série de balados nous présente des professionnels qui excellent en éducation. Au début de la deuxième partie de ce balado, Marie-Ève nous rappelle l’importance de valoriser la diversité chez nos élèves. Elle partage également son amour inconditionnel pour les albums jeunesse et nous livre sa vision de la correction des erreurs en écriture.
[musique]
Marie-Ève : C’est certain que, oui, dans notre contexte linguistique minoritaire, les élèves qui se retrouvent dans nos salles de classe représentent une richesse de diversité. Au niveau aussi de l’apprentissage de la langue, des différentes langues, donc il faut voir ça comme une richesse. Je reviens un peu à l’élément où l’on a parlé de l’importance de connaître les élèves qui sont devant nous, qui sont dans nos salles de classe. On parle beaucoup dans le monde de l’éducation d’avoir une approche, au niveau de la pédagogie, sensible et adaptée à la culture. À l’intérieur de ça, aussi, de mettre en place des approches plurilingues.
C’est certain que c’est des mots que l’on entend souvent, mais il ne faut pas sous-estimer l’ampleur et l’importance d’avoir des approches pour permettre à nos élèves, peu importe la langue qu’ils parlent, peu importe leur diversité, de vraiment mettre en valeur cette diversité-là, ces différentes langues-là, pour qu’ils puissent se servir de leur langue maternelle comme levier pour l’apprentissage du français.
Ça revient un peu à la littérature jeunesse parce que la littérature jeunesse permet d’offrir ce contexte authentique-là. Il y a énormément d’œuvres littéraires dans nos librairies dans lesquelles on peut retrouver et chercher des albums jeunesse qui font écho aux élèves de notre salle de classe pour que les élèves puissent se reconnaître. On parle de diversité, mais on parle aussi de différenciation pédagogique, mais de tous les élèves qui se retrouvent dans notre salle de classe, ceux qui ont des besoins particuliers. À partir de l’album jeunesse, on peut traiter de sujets particuliers qui vont répondre aux besoins de nos élèves qui se retrouvent dans notre salle de classe.
Souvent, on nous demande de proposer des livres, des albums jeunesse. C’est certain que c’est pertinent, mais on se retient toujours à vouloir offrir, partager des titres, parce que, lorsqu’on partage un titre, on empêche peut-être l’enseignant, dans le fond, à utiliser vraiment son contexte authentique, de représenter son profil de classe, pour que lui puisse ensuite aller chercher des albums qui font écho à sa situation.
Louis : Justement, comme tu dis, peut-être que je te donne un titre, mais ça ne représente pas, en tout cas, une partie ou l’entièreté du contexte dans lequel tu travailles. C’est peut-être ça. Tu vas dire : « Oui, lui, il me l’a proposé, donc je vais l’utiliser. », mais peut-être que ce n’est pas la bonne année, ce n’est pas le bon milieu, et cetera. Tu parles de contexte plurilingue, alors je te dis : pour ou contre corriger un élève qui fait toujours la même erreur en français lorsqu’il parle?
Marie-Ève : C’est une très bonne question.
Louis : Tu comprends? Ça, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses là-dedans. [rires]
Marie-Ève : Il faut quand même faire attention dans la façon que l’on répond à cette question-là. C’est une très bonne question. Définitivement qu’avec mon approche, moi, ce que je conseillerais vraiment, ce n’est pas nécessairement corriger, c’est dans la façon de le faire. Peut-être de le reformuler, de prendre l’élève où il est rendu dans sa communication, puis peut-être de dire : « Est-ce que tu veux préciser cette information-là? » Peut-être le reformuler pour lui donner les mots pour la prochaine fois, pour que l’élève soit en mesure de le réutiliser.
Définitivement qu’il faut faire attention. Le mot corriger est fort parce qu’on ne veut pas décourager l’enfant non plus en le reprenant tout le temps. Il faut varier nos approches. Je pense qu’il n’y a pas de réponse définitive parce que ça va vraiment selon l’enfant qui se retrouve devant toi, selon où il est rendu dans ses apprentissages. Il n’y a pas de réponse.
Louis : Ma stratégie, quand j’étais jeune enseignant, puis que je corrigeais les 74 erreurs du texte qu’un élève venait d’écrire, ce n’était peut-être pas la meilleure stratégie à utiliser pour leur donner le goût d’écrire, je pense.
Marie-Ève : Ta réflexion est très justifiée, Louis. Moi aussi, j’ai fait cette façon de faire-là. J’ai corrigé des textes. Imagine l’enfant, dans cette position-là, cet élève-là, j’y pense souvent, qui reçoit cette copie-là dans laquelle on utilisait souvent le crayon rouge.
Louis : Oui, en plus.
Marie-Ève : C’était peut-être une approche plus corrective. On parlait de corriger tantôt. Je ne suis pas certaine de l’impact que ça a eu chez l’élève, à part peut-être de le décourager. Aujourd’hui, moi, j’encouragerais vraiment une différente façon de corriger, surtout que, lorsqu’on parle de correction, lorsqu’on accompagne les enseignants aujourd’hui, on revient souvent à notre intention pédagogique.
Louis : Oui, c’est quoi l’intention? C’est ça.
Marie-Ève : Si notre intention pédagogique, on a pris le temps de faire un enseignement explicite et systématique de l’accord des noms au singulier, pluriel, on a vraiment mis l’accent, on a eu la chance de partir d’un contexte authentique, d’un texte, on a décontextualisé pour aller faire l’enseignement explicite et systématique, par la suite, on veut que l’élève puisse mettre cet apprentissage-là en application, donc on lui demande de rédiger un texte, à ce moment-là, lorsque je vais faire la correction. Premièrement, si j’avais à faire cette tâche, je ferais cette correction-là sous forme d’entrevue avec l’élève à côté de moi.
C’est une façon de faire qu’on encourage énormément dans les écoles lors de nos accompagnements, c’est l’entrevue avec l’élève pour avoir un échange, une conversation avec lui. À ce moment-là, l’enseignant est capable d’aller chercher des preuves d’apprentissage au niveau de la triangulation, c’est en conversation avec l’élève.
On pourrait lui demander lui-même de vraiment prendre le temps de revoir tous ses accords, puis de faire des interventions à ce moment-là pour l’appuyer, le guider. En un à un, définitivement, mais que lui puisse aller lui-même faire les changements au fur et à mesure, mais seulement en précisant, en revenant à notre intention pédagogique, donc un élément à la fois. Pensez à notre élève de 7-8 ans, où l’on fait la correction d’un texte, puis qui reçoit une copie qui est encerclée avec plein de notes en rouge.
Louis : Une copie arc-en-ciel avec plein de couleurs, mais finalement, toujours la même. Oui, je comprends.
Marie-Ève : Ça peut être assez décourageant. Si l’on a la possibilité de le faire en conversation avec l’élève, lui donner quelques pistes, faire de l’étayage, puis ensuite, peut-être lui dire : « Dans ton texte, il y a encore trois endroits. Je crois que tu pourrais aller travailler l’accord du singulier et du pluriel. » Là, lui donner la chance de le faire. Lui donner un objectif, mais qui répond à ses besoins à lui parce que je ne donnerai pas nécessairement le même objectif à un autre élève avec lequel je suis en entrevue, donc en conversation. C’est vraiment de donner des objectifs qui sont réalistiques, réalisables pour l’enfant avec qui l’on est.
Louis : En parlant d’engager, on va bifurquer un petit peu parce que je sais, pour avoir discuté avec toi, que tu travailles sur différents projets très intéressants au niveau de la littératie. J’aimerais ça que tu en choisisses un, une initiative ou un projet dont tu es vraiment particulièrement très fière. Ça serait lequel, puis pourquoi?
Marie-Ève : À ce moment-ci, un projet dont je suis très fière, c’est vraiment le projet dans lequel on travaille, moi et mon équipe, depuis les deux dernières années complètes. C’est un programme de l’enseignement de la lecture qui s’intitule Lire un jour, lire toujours!. C’est vraiment un projet d’envergure qui a été créé en fonction des plus récentes recherches en éducation, en matière de littératie, et aussi qui est aligné avec le tout nouveau programme-cadre de français.
On a eu la chance de travailler avec des experts en matière de littératie. Dans le fond, l’objectif du programme d’enseignement de la lecture, Lire un jour, lire toujours!, c’est vraiment d’offrir un enseignement explicite et systématique des connaissances et des habiletés fondamentales en lecture. Tout l’aspect, le domaine B au niveau des notions fondamentales en lecture du nouveau programme-cadre, mais plus précisément l’attente B2.2 dans laquelle on retrouve une annexe–
Louis : C’est assez précis, ça. [rires]
Marie-Ève : –en lien avec les notions fondamentales en lecture. Là, nous, on arrive avec un programme qui permet d’appuyer les enseignants, d’offrir un cadre à l’enseignant pour qu’il puisse mettre en pratique, mettre en œuvre cet enseignement explicite et systématique.
Louis : Si l’on veut avoir plus d’informations sur, justement, cette initiative, est-ce que c’est sur Internet quelque part? C’est quoi la prochaine étape? Admettons que je suis une personne enseignante, puis je veux en savoir plus, je fais quoi?
Marie-Ève : Tu tapes dans le moteur de recherche Lire un jour, lire toujours!, et vous aurez la chance d’arriver à cette belle plateforme Web qui a été conçue pour répondre aux besoins des élèves dans un premier temps, mais surtout aussi pour répondre aux besoins des enseignants en tout ce qui concerne l’enseignement explicite et systématique des notions fondamentales en lecture.
Louis : Parce que j’ai triché, je suis allé voir ce site, je sais qu’il y a beaucoup d’informations dedans. Tu suggérerais de commencer par quoi? Quand j’arrive sur le site, je devrais aller où?
Marie-Ève : Lorsque vous arrivez à la page d’accueil, il y a sept belles sections : un guide pédagogique, des fiches pédagogiques, des fiches d’activités, des outils d’évaluation, une trousse d’appui à l’intervention, et il y a une section Formation. C’est certain que tout dépend au moment où vous allez écouter ce balado parce que c’est certain qu’au moment de la diffusion le site est encore en construction. On prévoit aussi meubler la section Formation.
Moi, il n’y a pas de réponse, Louis. Je te dirais vraiment, ça dépend de ton intention à toi. C’est un peu la raison pour laquelle on a créé la plateforme Web de cette façon-là, avec les thématiques qui sont précisées sur la page d’accueil. C’est à l’enseignant de faire le choix. S’il veut vraiment mettre en place, s’il a besoin d’une fiche pédagogique, il veut faire l’enseignement explicite et systématique dès le lendemain, je l’encouragerais à aller au niveau de la section Fiches pédagogiques.
Si je suis une enseignante qui commence en littératie au niveau de l’enseignement, j’irais peut-être lire le guide pédagogique parce que, là, je veux vraiment aller chercher la vision globale de tout ce qui est à enseigner au niveau de la littératie. Ça dépend vraiment de ton intention comme enseignant.
Louis : Je comprends donc que, dépendant de mon intention, puis de mon contexte, je peux aller un peu à différents endroits dans le site.
Marie-Ève : Oui.
Louis : En même– Oui, vas-y.
Marie-Ève : Je peux t’aiguiller un peu. Prenons, par exemple, je suis une enseignante de première année, donc je peux aller sous la section Fiches pédagogiques. La façon que la plateforme Web a été conçue, il y a des filtres. Je suis en mesure d’utiliser les filtres pour répondre à mes besoins; par exemple, je suis une enseignante de première année et je veux vraiment prendre le temps d’enseigner explicitement les correspondances graphèmes-phonèmes.
Là, je peux vraiment aller chercher le sujet des correspondances graphèmes-phonèmes et ensuite faire une recherche. Je vais avoir une belle séquence d’apprentissage qui va apparaître, qui va ressortir de ce filtre. Je vais être en mesure ensuite d’enseigner explicitement et systématiquement la correspondance graphème-phonème.
C’est très particulier avec cette séquence-là parce qu’à l’intérieur d’une séquence de 30 minutes on est en mesure de travailler la lecture et l’écriture des correspondances graphèmes-phonèmes enseignées, avec la lecture de syllabes, de mots et d’écriture aussi de syllabes et de mots, pour ensuite faire la lecture de phrases. Ce qui est intéressant, c’est qu’à chaque fois que l’on chemine dans la séquence d’apprentissage, on augmente le nombre de correspondances graphèmes-phonèmes enseignées. Il y a un ajout de ces correspondances graphèmes-phonèmes qui est fait, mais on respecte vraiment l’ordre. Il y a un ordre. C’est là où l’on va chercher l’enseignement qui est systématique. Ça va vraiment répondre aux besoins des élèves qui sont en apprentissage de la lecture.
Louis : Il y a une séquence logique.
Marie-Ève : Exactement, oui.
Louis : Okay. Toi, Marie-Ève, dans ce beau projet-là, parce que tu disais que c’est un projet qui a commencé depuis 2 ans, qu’est-ce que tu ressors comme professionnelle, comme passionnée de pédagogie quand tu vois ça, quand tu as travaillé à ça?
Marie-Ève : Définitivement qu’il y a énormément d’éléments que je ressors avec cette expérience-là. C’est une expérience de gestion incroyable à plusieurs niveaux, mais définitivement au niveau d’enrichir mes connaissances, au niveau de la littératie parce que j’ai vraiment eu la chance, l’honneur de travailler, de discuter et de réfléchir avec des experts, des chercheurs en matière de littératie.
Souvent, ce qui est intéressant, c’est que, même avec les chercheurs et les experts, ils sont très ouverts, puis très à l’écoute aussi des besoins du terrain. Ils ont vraiment pris en considération le contexte linguistique minoritaire dans lequel on vit en Ontario pour répondre aux besoins, créer une ressource pour répondre aux besoins des élèves franco-ontariens, des élèves que l’on retrouve dans nos salles de classe. C’est vraiment l’élément grandiose dans tout ce projet-là.
On a aussi eu la chance de travailler avec un comité directeur qui a été conçu avec des représentants de chaque conseil de la province, donc des 12 conseils scolaires francophones en Ontario. On avait la chance de pouvoir aller chercher leur rétroaction tout le long du développement de la ressource parce qu’on ne veut pas une ressource qui répond aux besoins des élèves d’une région. On voulait vraiment avoir une ressource qui répond aux besoins des élèves d’une province.
À la suite de ces rencontres-là, on a même eu aussi la chance de faire une mise à l’essai. C’est vraiment une opportunité incroyable d’aller chercher, de travailler en collaboration avec les conseillers pédagogiques de tous les conseils parce qu’on a des richesses tout partout dans la province de l’Ontario.
Louis : Oui, partout. Exactement.
Marie-Ève : C’est important de prendre en considération toute cette richesse-là parce qu’encore une fois on parle d’efficacité collective. C’est vraiment un travail de collaboration qui a été fait partout en province pour vraiment être en mesure de répondre aux besoins de nos élèves.
Louis : Si tu te retrouvais demain matin devant des directions d’école, toi, la passionnée, forte de ton expérience, qu’est-ce que tu leur dirais aux directions d’école?
Marie-Ève : Avec un sujet précis, j’en dirais beaucoup de choses aux directions d’école.
[rires]
Louis : Okay, alors parlons littératie. Soyons précis par rapport à la littératie. Admettons que tu as un message clé que tu voudrais qu’elles retiennent, ça serait quoi?
Marie-Ève : Un message clé? Si l’on parle de la littératie, on parle du nouveau programme-cadre. Je suis consciente qu’en tant que direction on veut être en mesure d’appuyer le mieux nos enseignants pour que nos enseignants puissent appuyer le mieux les élèves en salle de classe.
Je leur conseillerais d’être à l’affût de ce qui est produit en littératie, puis il y a énormément de ressources qui ont été créées dans les dernières années pour répondre à ces besoins-là, entre autres Lire un jour, lire toujours!. Il y a aussi d’autres ressources aussi formidables. C’est vraiment d’être en mesure d’aller chercher les ressources disponibles, puis de les mettre en application selon les besoins des écoles, des enseignants.
Louis : Si je résume, pour m’assurer que j’ai bien compris : chères directions d’école, il y a une mine d’or de ressources. Allez, choisissez la ou les ressources qui répondent le mieux à votre contexte et à vos besoins. C’est ça?
Marie-Ève : Exactement. On a la chance aussi d’avoir Édusource. À partir d’Édusource, c’est un bon moyen d’y arriver. On peut retrouver toutes les ressources dont on a besoin, qui sont approuvées par le Ministère, qui sont financées par le Ministère. C’est un bon endroit pour diriger nos enseignants.
Louis : Marie-Ève, on arrive à la question rafale où je te dis un mot ou une série de mots et toi, tu me dis une phrase ou quelques phrases par rapport au mot que je viens de te lancer comme ça. Mon premier mot, ça serait : ton livre jeunesse, en littérature jeunesse, aujourd’hui? Un titre, très court.
Marie-Ève : Okay. Mon dernier achat, littérature jeunesse, c’est le livre intitulé Brutus et Doudouce ou la chic histoire de la chienne à Jacques de l’autrice Katia Canciani. C’est une œuvre d’art au niveau du potentiel pédagogique pour enseigner les expressions. Je l’encourage.
Louis : Excellent. Un ou une auteure que l’on devrait absolument connaître en contexte franco-ontarien de littérature jeunesse?
Marie-Ève : Contexte ontarien, littérature jeunesse, définitivement Andrée Poulin, puisqu’elle est à l’affût de ce qui se passe en pédagogie. Ses sujets sont souvent en lien avec la pédagogie.
Louis : Un livre virtuel ou un livre papier?
Marie-Ève : Je comprends l’importance d’avoir des livres virtuels, mais rien ne va battre le plaisir de lire un livre papier, d’être en mesure de le toucher, de le sentir. Ça nous permet de le déguster.
Louis : L’autre question, c’était : qu’est-ce qu’on fait avec un enfant qui pleure lorsqu’il lit?
Marie-Ève : C’est intéressant comme question. Je crois que c’est bien d’être à l’écoute de cet enfant-là, puis de l’encourager dans son émotion parce que c’est certain qu’il y a une raison pour cette émotion-là. C’est important d’être à l’affût de ces émotions-là. Peut-être pas en salle de classe devant tous les élèves, mais peut-être de reprendre un temps de côté avec cet élève-là, puis d’aller chercher, investiguer la raison de cette émotion.
Louis : La prochaine : une phrase à dire à des parents au niveau de la littératie?
Marie-Ève : Soyez des modèles de lecteurs ou de lectrices pour transmettre le goût de la lecture à vos enfants.
Louis : Le dernier mot ou phrase : un mot ou une phrase que tu aurais aimé que je te dise, dans cette question-là, pour que tu puisses réagir?
Marie-Ève : Lecture avant le coucher ou pendant la journée? Je vous répondrai à cette question-là : en tout temps. À tout moment, c’est permis de lire, puis c’est encouragé. Il n’y a pas de moment précis dans une journée pour lire.
Louis : Voilà qui met fin à la question rafale. Ma prochaine question, chaque fois que l’on a un balado, on demande toujours à notre invité de nous partager une ressource. Là, je suis certain que, si je te posais la question, tu me dirais le site Lire un jour, lire toujours!, alors celui-là ne compte pas.
[rires]
Je vais te poser la question : est-ce que tu pourrais parler d’une autre ressource qui est indispensable, selon toi?
Marie-Ève : Définitivement, une ressource incontournable en matière de littératie, ce sont les œuvres littéraires, donc les albums jeunesse. Plus précisément, plus que les albums jeunesse, les auteurs qui se cachent derrière ces beaux albums jeunesse. Parce que, dans chaque œuvre, se cache un auteur, puis, souvent, un illustrateur. C’est vraiment un monde incroyable à découvrir, donc prendre le temps de parler des auteurs, des illustrateurs en salle de classe, parce qu’il y a vraiment une collaboration très très particulière entre l’illustrateur et l’auteur, puisque, dans un album jeunesse, il y a beaucoup d’illustrations, puis il y a souvent des non-dits.
Il y a un énorme potentiel pédagogique dans l’album jeunesse. On pourrait parler au niveau de l’enseignement des inférences, même aller au-delà, parler des éléments paratextuels, la première de couverture, faire des prédictions. Il y a aussi les pages de garde dans un album jeunesse que l’on peut vraiment utiliser à notre avantage–
Louis : Exploiter.
Marie-Ève : –exploiter – merci pour le mot – parce qu’on peut vraiment utiliser l’album jeunesse pour avoir des discussions, communiquer avec les élèves, qui est l’élément fondamental, je suis certaine, pour répondre aux besoins de nos élèves. En contexte linguistique minoritaire, c’est de les faire parler en français. L’album jeunesse, les auteurs, les illustrateurs, c’est vraiment le dispositif incontournable en littératie.
Louis : Marie-Ève, on arrive à la fin de notre balado, et il y a toujours une conclusion. Oui, je pourrais conclure parce que je trouve que l’on a parlé beaucoup de littératie. C’était notre thème principal aujourd’hui. J’ai eu avec moi une passionnée de pédagogie, une passionnée de littérature jeunesse, une passionnée de littératie et de l’apprentissage de la lecture et toutes ses formes. Je pourrais conclure, mais je vais te laisser les derniers mots en termes de conclusion de ce balado. C’est à toi.
Marie-Ève : Merci, Louis, pour cette belle entrevue balado. Ce que j’aimerais que les gens retiennent à la fin de ce balado, c’est l’importance en tant qu’enseignants d’être des modèles de lecteurs, d’auteurs francophones. Nous, en étant des modèles, c’est la façon que l’on va être en mesure de transmettre ce goût de la lecture, de l’écriture, de la communication en français à nos élèves. Le mot de la fin, c’est d’être des modèles.
Louis : Aujourd’hui, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Marie-Ève Richer, gestionnaire au projet de lecture provinciale. Marie-Ève, j’espère que l’on aura encore la chance parce que ce n’est que le début. Ce balado, c’était une discussion riche. Je voudrais te dire un grand merci pour ce temps précieux. Merci, Marie-Ève.
Marie-Ève : Merci à toi, Louis. Toujours pertinent de parler pédagogie.
[musique]
Merci d’avoir pris le temps d’écouter ce balado. Pour avoir accès aux autres épisodes, visitez le site Internet du Centre franco. Vous pouvez aussi les retrouver sur Spotify et sur baladopedago.com, un site qui propose une riche sélection de balados éducatifs en français. Enfin, pour découvrir l’ensemble de nos nouveautés, inscrivez-vous à notre infolettre, consultez nos réseaux sociaux ou visitez lecentrefranco.ca.
[musique]