Faire sa petite part, c’est un début
Sollicitée à travers la France, Isabelle Peloux donne des conférences portant sur l’école du Colibri et sa vision pédagogique. J’ai eu la chance de m’entretenir avec elle à ce sujet. Voici l’essentiel de ses propos.
À l’école du Colibri, il est question de pédagogie de la coopération, une idée qui s’est imposée d’elle-même. En effet, lors de la création de l’association des Amanins, Isabelle fut témoin de la difficulté des adultes à coopérer. Ce constat a amené l’association à conclure qu’il fallait enseigner aux enfants les mécanismes de la coopération afin qu’ils puissent les mettre en pratique à l’âge adulte.
Pour les Amanins, la prémisse est simple : nous vivons sur une planète dont le nombre d’habitants s’accroît chaque jour, mais qui dispose de ressources limitées. D’où la nécessité de partager. Nous n’avons d’autre choix que de savoir faire ensemble pour un avenir meilleur. Il est donc vital d’apprendre aux enfants des méthodologies de gestion de groupe et de vivre ensemble.
Comment définir nos relations avec les autres?
Nous vivons tous sur la même planète, alors comment faire pour s’entendre, notamment avec ceux avec lesquels nous avons moins d’affinité? C’est de cette réflexion qu’est née la volonté d’enseigner la coopération aux enfants tout comme l’objectif de faire de l’écologie relationnelle. L’une ne va pas sans l’autre. Faire de l’écologie au niveau de la nature c’est très bien, mais si on ne la met pas en pratique entre nous ça ne va pas suffire. C’est l’enseignement qu’Isabelle a reçu de son expérience avec les adultes et qu’elle a adapté aux enfants. Aujourd’hui, elle travaille de la même manière, tant avec les adultes qu’avec les enfants. Ces derniers comprennent aussi bien que les premiers la notion de vivre ensemble. Il est toutefois normal que les plus jeunes aient de la difficulté au début : la diversité de point de vue s’apprend avec l’empathie à l’âge primaire (6 à 12 ans).

Être en paix avec soi-même, les autres et son environnement
Dans un groupe, il y a inévitablement des tensions qu’il ne faut pas minimiser. Il ne s’agit pas de simplement dire aux enfants « parlez-vous gentiment » alors qu’il est difficile de le faire entre adultes. Coopérer veut dire se décentrer sans toutefois s’oublier. À l’école du Colibri, c’est ce qu’on appelle l’éducation à la paix : être en paix avec soi-même, les autres et son environnement. C’est la raison de l’atelier philosophique qui se déroule toutes les semaines. Les enfants y apprennent à exprimer leurs pensées et à écouter celles des autres. Il y est démontré qu’il y a une diversité de point de vue et que c’est là que réside la base de la tolérance. Il n’y a pas qu’une seule vérité, mais plusieurs.
Les enfants autant que les adultes sont amenés vers un état d’esprit où il n’est pas question de chercher qui a raison, mais plutôt d’accepter qu’il puisse y avoir plusieurs points de vue valables. À l’école, ils agissent comme le colibri (selon la légende) : ils contribuent à rendre l’humanité plus respectueuse et solidaire en faisant leur part.
Et vous, dans votre école, que faites-vous déjà pour vivre et savoir faire ensemble?
Quatre classes au niveau moyen de l’Ontario suivent mon aventure :
- celle de de Robert Brisson à l’école élémentaire catholique Saint-René-Goupil du Conseil scolaire catholique Mon avenir à Guelph;
- celle d’Elizabeth Riche à l’école élémentaire catholique Horizon-Jeunesse du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est à Ottawa;
- celle de Denise Vachon à l’école élémentaire publique L’Académie de la Seigneurie du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario;
- celle de Jean-François Sylvestre à l’école élémentaire publique Passeport Jeunesse à Hearst du Conseil scolaire public du Nord Est de l’Ontario.